Le train de l'Est et celui de l'Ouest: quel projet présente le meilleur rapport cout-bénéfice? Combien pouvait-on prévoir que couterait le programme de procréation assistée? Peut-on réduire de 3% les dépenses administratives «de fonctionnement» en santé et en éducation sans réduire les services?

On pourrait obtenir une réponse indépendante à ces questions. Mais comme le gouvernement Marois avant lui, le gouvernement Couillard veut s'en priver. Les libéraux s'opposent à la création d'un poste de directeur parlementaire du budget (DPB), qui existe déjà à Ottawa, Washington et Toronto.

Le premier ministre Couillard promet pourtant de former le «gouvernement le plus transparent» de l'histoire du Québec. Si c'est son objectif, il doit considérer la création d'un poste de DPB, nommé par les deux tiers de l'Assemblée nationale pour assurer son indépendance.

Il aurait deux mandats. Le premier: brosser le portrait des dépenses et des finances publiques, ainsi que des tendances économiques. Et publier un rapport avant chaque élection générale. Cela permettrait d'éviter la blague qui devient de moins en moins drôle, celle du nouveau gouvernement qui se surprend à constater la profondeur du trou dans les finances laissé par son prédécesseur.

Le deuxième mandat: estimer, à la demande d'un député, le coût d'un projet de loi ou d'un programme.

C'est le modèle du DPB d'Ottawa, repris par la Coalition avenir Québec (CAQ) dans son projet de loi déposé en 2012. Il s'agit autant d'une question de transparence, pour éclairer le débat public, que d'efficacité, pour prévenir les dépenses injustifiées. On n'a qu'à penser au fiasco des avions-chasseurs F-35 à Ottawa.

Comme les péquistes avant eux, les libéraux plaident qu'il serait inutilement couteux de créer une nouvelle structure. Or, le budget du DPB serait modeste. À Ottawa, il ne s'élève qu'à 2,8 millions par année. On peut prévoir que son petit frère québécois couterait beaucoup moins. Et cette somme pourrait être dérisoire par rapport aux économies qu'il rendrait possibles.

Les libéraux rappellent aussi que le vérificateur général peut déjà produire des rapports particuliers sur les sujets de son choix. Mais le vérificateur se spécialise dans la vérification comptable. Cela diffère du travail plus économique de prospection et d'évaluation des coûts. Sans compter que le vérificateur pourrait se retrouver dans la situation délicate d'évaluer un programme conçu en partie à partir de ses propres prévisions.

L'automne dernier, les libéraux avaient appuyé une motion de la CAQ pour vérifier l'état des finances publiques avant la campagne électorale. S'ils sont d'accord avec le principe, ils doivent se donner les moyens pour l'atteindre. Aucun gouvernement n'aime se dénuder devant le public et ses adversaires. Mais la transparence est une vertu qui doit parfois se pratiquer hors de sa zone de confort.

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