Une médaille olympique remportée par une athlète féminine a-t-elle la même valeur que celle de son compatriote masculin ?

C'est regrettable que la question se pose encore, surtout que les Jeux olympiques de Rio donnent l'impression que le Canada a atteint la parité dans le sport.

La délégation canadienne compte à peu près autant d'athlètes féminines que masculins, et ce, depuis quelques Jeux déjà. À Rio, les femmes représentent même 59 % de la délégation canadienne ! Sans compter qu'elles ont remporté la majorité des médailles, avec en tête la nageuse Penny Oleksiak, qui nous a collectivement émus et remplis de fierté.

Les performances de cette jeune femme d'à peine 16 ans, qui nous semble surgir de nulle part, en étonnent même certains. Cette « surprise » s'explique pourtant aisément : les résultats exceptionnels qu'elle a obtenus auparavant dans plusieurs championnats sont tout simplement restés dans l'ombre.

Ne nous méprenons pas sur la réalité du sport féminin. Il est encore méconnu et trop peu considéré. Les obstacles, nombreux, se résument à un mot : visibilité.

Les commanditaires soutiennent très majoritairement le sport masculin ; l'aide financière versée aux hommes est généralement beaucoup plus élevée, voire même disproportionnée, en comparaison de celle offerte aux femmes.

On accorde également moins d'intérêt aux performances des athlètes féminines. Et trop souvent, c'est pour les comparer à celles des hommes, comme l'a souvent montré le cas du hockey.

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Déjà que le sport amateur est l'enfant pauvre de la couverture sportive, pour le sport féminin, c'est encore pire. Il récolte moins de 5 % de l'attention médiatique et encore, c'est presque essentiellement pour parler de tennis et de golf, explique Guylaine Demers, professeure au département d'éducation physique de l'Université Laval, spécialiste de la question.

Même aux Jeux olympiques, cette grand-messe qui veut pourtant refléter l'idéal sportif, les défis perdurent. Beaucoup de chemin a été parcouru depuis la première participation des femmes aux Jeux de 1900, mais il a fallu attendre en 2012 avant qu'elles aient accès à toutes les disciplines.

Le traitement qui leur est réservé n'est pas toujours équitable. Aux Jeux de Londres, l'Australie et le Japon ont essuyé une pluie de critiques pour avoir fait voyager des équipes masculines en classe affaires... et leur pendant féminin en classe économique.

Il faut se réjouir de voir le Canada se démarquer positivement, parmi d'autres pays, pour sa politique d'équité.

Les programmes de subventions gouvernementales mis en place visent à soutenir certaines disciplines (natation, athlétisme, etc.) où le pays a de bonnes chances de médailles, sans égard au sexe. On voit d'ailleurs le fruit de ces années d'efforts à Rio.

Reste que bien des barrières doivent encore tomber. On parle de la proportion d'athlètes féminines, mais il ne faut pas oublier que les femmes sont sous-représentées chez les entraîneurs - moins de 15 % -, les officiels et les directeurs techniques.

Sachant que les jeunes filles sont beaucoup plus nombreuses que les garçons à abandonner le sport à l'adolescence, il est nécessaire de leur offrir des modèles.

La fierté ressentie ces jours-ci devant les performances des athlètes canadiennes ne doit pas être passagère. Le sport féminin mérite qu'on s'y intéresse plus qu'une fois tous les quatre ans.