Le surplus budgétaire est « niaiseux », « indécent » et il n'y a « aucune raison de se réjouir », ont dit certains en voulant faire croire que le gouvernement Couillard avait agi de façon irresponsable. C'est tout le contraire.

Le surplus budgétaire de 1,8 milliard - des données préliminaires, puisque le portrait final ne sera connu qu'à l'automne - est plutôt une bouffée d'air.

Le premier ministre Couillard avait promis de se comporter « en bon père de famille ». On ne peut lui reprocher aujourd'hui d'avoir équilibré le budget. Encore moins d'avoir réussi à dégager une marge de manoeuvre.

Car vraiment, il n'y a pas de quoi s'enorgueillir des 37 déficits que le Québec a faits au cours des 45 dernières années, des déficits souvent structurels, pas seulement causés par la conjoncture économique.

Même si le Québec a été moins touché que d'autres par la crise économique de 2008-2009, il a ainsi continué de s'enfoncer dans le rouge depuis, malgré des hausses de taxes (essence, cigarettes et taxe santé). C'est un signe que les dépenses étaient plus élevées que les revenus.

Fallait-il pour autant donner un coup de barre aussi rapide, surtout dans une période où l'économie n'est pas florissante ? A-t-on assisté à des coupes aveugles ?

Nous l'avons dénoncé, certaines compressions ont non seulement été mal expliquées, mais elles ont été obtenues en empruntant la voie facile, sans égards aux conséquences, particulièrement en éducation. Chaque dollar retranché a un impact sur un service... et donc sur une personne.

Malgré cela, il fallait agir. Ce serait un manque de courage et de vision que de gérer les finances publiques en continuant de suivre, de façon insouciante, une avenue qui mène dans un mur.

Surtout que le facteur démographique pèse sur nous comme une épée de Damoclès. Le Québec est l'endroit, après le Japon, où la population vieillit le plus vite. La croissance des gens en âge de travailler est en déclin tandis que les besoins sont appelés à croître.

Nier cette réalité, c'est fermer les yeux. Prévoir pour les générations futures en remboursant une partie de la dette reste une approche avisée.

Mais le gouvernement doit agir avec doigté. Maintenant qu'il a dégagé une marge de manoeuvre, il doit choisir des mesures ciblées plutôt que des politiques uniformes qui épatent peut-être la galerie, mais ne donnent pas de résultats probants.

Comme le dernier budget l'a amorcé, il faut impérativement réinvestir dans des secteurs clés, notamment en éducation, en santé et dans les infrastructures longtemps négligées.

Pensons particulièrement à l'aide à donner aux élèves en difficulté ou aux soins à domicile et dans les CHSLD, même si ce sont des secteurs moins criants que les urgences.

Tout en tenant serrés les cordons de la bourse, on s'attend à ce que le gouvernement investisse judicieusement, dans un souci d'équité et une perspective d'avenir.