En plus d'encaisser le départ-surprise de Pierre Karl Péladeau, les militants et les députés du Parti québécois ont l'impression d'un retour à la case départ, eux qui se mettent en quête d'un chef pour la sixième fois en 15 ans.

Il ne suffit pas de déterminer qui dirigera le PQ aux prochaines élections. Encore faut-il savoir quelle place le parti souhaite maintenant occuper. Une question inéluctable devant laquelle les péquistes louvoient depuis longtemps sans vraiment y répondre.

Il est question de recruter un chef jeune, qui saurait dynamiser et renouveler l'électorat. L'élection du premier ministre du Canada, Justin Trudeau, avec le vent de fraîcheur qu'il a insufflé, continue d'être une source d'inspiration pour des partis en quête d'identité. C'est faire abstraction qu'il a fallu des années de préparation pour mener Justin Trudeau là où il est aujourd'hui. C'est aussi un piège. Aux États-Unis, c'est Bernie Sanders, un grand-père de 74 ans, qui séduit les jeunes, incarnant pour eux le gage des valeurs démocrates.

Mais l'élément déterminant n'est pas là. Le PQ est confronté à des évidences qu'il ne peut plus nier. Au mieux, l'option souverainiste stagne, récoltant à peine le tiers des appuis.

C'est pire chez les 18-24 ans, où seulement un électeur sur cinq appuie la « cause ».

C'est ce qu'a révélé l'automne dernier un sondage CROP commandé par la Chaire de recherche sur la démocratie et les institutions parlementaires de l'Université Laval, dans le cadre des 20 ans du référendum de 1995. Un dur constat qui corroborait celui posé au lendemain des élections de 2014, lorsqu'à la demande de La Presse, la spécialiste Claire Durand a brossé un portrait de la souveraineté, de 1977 à 2014.

Essentiellement, la souveraineté a été portée par deux générations : celle des baby-boomers (nés entre 1945 et 1960) et celle de la génération X (nés entre 1960 et 1975). La mauvaise nouvelle n'est pas seulement que les jeunes semblent tourner le dos à l'indépendance, mais qu'ils se détournent carrément du PQ, car pour plusieurs, c'est Québec solidaire qui incarne désormais la véritable social-démocratie.

Le mal-être est criant.

Malgré qu'il ait d'abord été vu comme le « sauveur », Pierre Karl Péladeau n'a pas réussi à corriger le tir. Sondage après sondage, malgré des décisions impopulaires et des épisodes tumultueux, les libéraux arrivent premiers dans les intentions de vote.

Dans ce contexte, l'appel à la « convergence des souverainistes » entrepris par M. Péladeau ne surprend guère. Les péquistes cherchent bien davantage à unir leurs forces avec Québec solidaire et Option nationale pour arriver à déloger le Parti libéral qu'à mousser l'article 1 de leur parti. La confrontation est inévitable.

Le PQ doit se (re)définir sur l'échiquier. Il entreprendra cet automne la nécessaire révision de son programme en vue du congrès de juin 2017, qui pourrait maintenant être reporté de quelques mois. D'ici là, beaucoup de travail est à faire.

Si le moment choisi par Pierre Karl Péladeau pour quitter le navire suscite la surprise, il est en réalité bien choisi. Le PQ n'aura pas trop de deux ans pour retrouver sa place. C'est l'élément le plus important avant de se trouver un chef.