S'il est de bon ton de démoniser l'école privée, il reste qu'au secondaire, un élève sur cinq - un sur trois à Montréal - fréquente un établissement d'enseignement privé. Une proportion suffisamment importante pour s'interroger sur les motivations profondes qui les guident.

Lorsqu'il est question du privé, le débat, stérile, se résume malheureusement à une seule question : les subventions versées aux écoles privées. Comme si le fait d'amputer le financement de l'État allait résoudre tous les maux du système d'éducation. C'est de la pensée magique.

Bien des études ont même démontré le contraire. Réduire les subventions provoquerait un déplacement des élèves vers le réseau public et coûterait plus cher au gouvernement. C'est d'ailleurs ce qu'a conclu la Commission des révisions permanentes des programmes l'automne dernier.  

Il faut plutôt se rendre à l'évidence : aux élèves qui fréquentent une école privée s'ajoutent de plus en plus de jeunes qui se tournent vers les écoles publiques qui offrent un volet international, un programme sport-études ou toute autre spécialisation. L'automne est devenu une grande séance de magasinage pour les élèves de cinquième et sixième année qui préparent leur entrée au secondaire, au privé comme au public.

Le phénomène qui en résulte, « l'écrémage » souvent dénoncé par les enseignants, est bien réel. Les classes ordinaires se vident de leurs meilleurs éléments, alourdissant la tâche des professeurs. Il serait d'ailleurs opportun de mieux documenter l'impact de cet « écrémage » sur les élèves des classes ordinaires.

Mais il ne faut pas nier pour autant l'effet bénéfique de l'émulation et le désir de se dépasser. Un rapport dévoilé récemment par la Fédération des établissements d'enseignement privés (FEEP) offre un éclairage intéressant sur cette question.

La Fédération a mandaté l'économiste Pierre Emmanuel Paradis pour évaluer la contribution économique des écoles privées à partir d'une synthèse d'études. Au-delà des enjeux purement financiers, les caractéristiques sociales et économiques des élèves qui fréquentent le privé sont particulièrement instructives.

Comparativement aux écoles secondaires publiques, le privé compte plus d'élèves dont au moins un parent est issu de l'immigration. Les parents sont également plus scolarisés - dans un cas sur quatre, ces derniers détiennent un grade supérieur ou professionnel - et on compte davantage de livres à la maison. Les élèves du privé ont également plus d'heures de devoirs chaque semaine et ils obtiennent leur diplôme dans une plus grande proportion.

Ce portrait nous amène à nous interroger sur la valeur accordée à l'éducation. Ce n'est pas le seul facteur de la réussite d'un enfant, mais il est déterminant.

Valoriser l'éducation signifie un soutien et un accompagnement de la part des parents ainsi qu'une grande collaboration entre les parents et les écoles.

Valoriser l'éducation peut aussi signifier une plus grande autonomie des écoles, comme on le constate dans le réseau privé. Elles disposent d'une plus grande marge de manoeuvre pour déterminer où elles veulent mettre leurs ressources et pour choisir les programmes.

En fait, la valorisation de l'éducation commence par l'importance qu'on lui accorde, tant individuellement, dans chaque famille, que collectivement, comme société.