La barbarie vient de frapper la France en plein coeur de ce qu'elle a de plus vulnérable : la vie, la vie, tout simplement.

L'espace d'un vendredi soir ordinaire de novembre, où l'on se réunit entre amis pour un repas au restaurant, un spectacle ou un match de soccer, la douceur de vivre en France a laissé place à la douleur profonde. On vient d'assister au retour en force de la barbarie, et, cette fois encore, Paris en est l'épicentre.

Dix mois après l'attentat à Charlie Hebdo, la France est de nouveau plongée au coeur de l'horreur. L'attentat contre les artisans du journal satirique était ciblé, destiné clairement à faire taire par la peur, à réduire au silence par le chaos.

Cette fois, les attentats commis sont d'autant plus cruels qu'ils ont été planifiés pour viser à l'aveugle. En s'attaquant à tout ce qui représente la vie quotidienne, en semant la terreur au hasard, les terroristes ont visiblement voulu rappeler au peuple français - et à nous tous - que c'est la guerre. Nous sommes en guerre.

Au moment d'écrire ces lignes, nous ignorons toujours qui sont les tueurs. Nous ne savons rien de leurs motivations ni des revendications derrière ces actes de terrorisme. Certaines informations - non encore confirmées - ont laissé entendre que le groupe État islamique avait revendiqué les attentats.

Si nous n'avons aucune certitude, nous ne pouvons toutefois ignorer cette poudrière que sont devenus la Syrie et l'Irak.

Nous ne pouvons fermer les yeux sur la terreur quotidienne qui est devenue loi ni sur les bombardements quotidiens qui poussent des millions de réfugiés sur les routes.

Parmi les pays occidentaux, la France est évidemment vulnérable, notamment en raison de son rôle au Moyen-Orient et de ses interventions passées et présentes. Mais cela ne pourrait expliquer, encore moins justifier, les attaques commises hier.

D'autant que personne n'est à l'abri. « N'ayons ni naïveté, ni illusion », a déclaré le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, hier, en soulignant que nous sommes tous concernés.

Cette certitude qu'une menace diffuse est constamment présente, le premier ministre Justin Trudeau l'avait aussi à l'esprit en déclarant, visiblement ébranlé, que son gouvernement « est en train de tout faire en son pouvoir pour assurer la sécurité des Canadiens ».

Le nouveau premier ministre fait face à son premier défi majeur, lui qui vient d'annoncer son intention de mettre fin aux frappes aériennes canadiennes contre l'EI, préconisant plutôt une aide humanitaire.

M. Trudeau, comme ses homologues du G20 qui sont tous réunis ces jours-ci en Turquie, est confronté à un dilemme difficile : la solution passe-t-elle par les armes ou la voie diplomatique en Syrie ?

La barbarie qui vient de frapper la France nous rappelle l'obligation de répondre à cette question.