On commence à prendre la pleine mesure des compressions sur les services aux élèves. En cette rentrée scolaire, les coupes ont désormais un visage dans les classes.

Des enseignants en adaptation scolaire n'ont pas obtenu de contrat pour l'automne. Faute de postes disponibles, d'autres se sont vu attribuer la charge d'une classe ordinaire dans laquelle la moitié des élèves ont des difficultés qui nécessitent un plan d'intervention... mais pas suffisamment pour obtenir des services supplémentaires, comme ceux pour lesquels ces enseignants sont justement formés. Quant aux techniciens en éducation spécialisée, qui épaulent les professeurs en travaillant avec les « cas lourds », certains ont vu leurs heures réduites.

« Une réallocation intelligente de ressources limitées » est nécessaire, a affirmé le ministre de l'Éducation, François Blais. La ponction chirurgicale est préférable à la formule uniforme. Il est sans doute possible de faire mieux, notamment en accordant plus de ressources là où les besoins sont les plus grands, principalement dans les milieux difficiles ou défavorisés.

Encore faut-il le faire avec doigté. Ainsi, dans les classes particulières - qui accueillent les élèves qui ont de graves troubles de comportement, par exemple -, certaines écoles appliquent désormais le ratio maître-élève autorisé, ce qui n'était pas toujours le cas auparavant.

En réunissant plus d'enfants dans un groupe, des classes ont pu être fermées, entraînant des économies. Mais la charge de travail est évidemment plus lourde pour les enseignants. 

Des élèves plus « fonctionnels » ont aussi été transférés vers des classes ordinaires, sans toutefois obtenir le soutien favorisant leur intégration.

Les compressions des dernières années  - 1 milliard en cinq ans, rappelle la Fédération des commissions scolaires du Québec - ont inévitablement des répercussions. Elles touchent le portefeuille des parents par des hausses de tarifs (service de garde, transport), mais elles ont aussi un coût humain lorsqu'elles réduisent les services aux élèves.

Pendant que toute l'énergie est consacrée aux « cas plus lourds », qu'en est-il des autres ? Que reste-t-il pour dépister et intervenir auprès des enfants avant que leur problématique ne devienne insurmontable, qu'ils aient accumulé trop de retard scolaire et ne deviennent complètement démotivés ?

Quand la moitié d'un groupe éprouve des difficultés diverses, on ne peut reprocher à l'enseignant d'accorder moins d'attention aux élèves moins turbulents ou à ceux qui réussissent bien. Certains diront que, de toute façon, les études montrent que les bons élèves tirent le reste de la classe vers le haut. Peut-être. Mais qui se soucie que les meilleurs soient aussi appelés à se dépasser ?

La maigre croissance de 0,2 % du budget de l'éducation force des choix douloureux. Il importe toutefois de les appliquer dans une perspective globale, avec un plan d'avenir.

L'éducation n'est pas un poste de dépense comme les autres. C'est un investissement pour former la société de demain.