Habituellement fébrile et propice aux retrouvailles, la rentrée des classes se déroulera au cours des prochains jours sous la menace de grève. Un faux départ est à craindre.

Entreprendre une nouvelle année scolaire dans un climat de tension n'est souhaitable ni pour les élèves, qui feront les frais de la situation, ni pour les enseignants et les directions d'école, qui ont généralement intérêt à travailler main dans la main.

Les discussions qui se sont poursuivies tout l'été permettaient pourtant d'espérer un dénouement heureux. Ce n'est pas le cas. Le front commun, qui représente tous les syndicats du secteur public sur les questions salariales, affirme plutôt que les négociations se dirigent droit vers un mur, reprochant à la partie patronale de « se cantonner dans des négociations de façade ».

Un rapprochement est souhaitable : choisir d'imposer les conditions de travail, de la part du gouvernement, serait loin de favoriser l'adhésion des employés. Or, quand on parle d'enseignants qui travaillent avec des enfants, qui sont des modèles pour eux, il est évident qu'on souhaite des travailleurs motivés et dévoués.

Les syndicats, pour leur part, auraient intérêt à modérer leurs ardeurs. Dans le contexte budgétaire actuel, réclamer par exemple des hausses salariales de 13,5 % en trois ans n'est pas réaliste.

Dans les écoles, les enseignants reprennent donc là où ils ont laissé en juin, promettant même une intensification des moyens de pression.

Pas question de déroger de l'horaire prévu de 32 heures par semaine, préviennent-ils. Des activités parascolaires ou des sorties éducatives pourraient être annulées si les directions ne reconnaissent pas le temps que les enseignants y consacrent.

Les élèves en subiront les conséquences. C'est en début d'année que se mettent en branle les différents projets et activités parascolaires qui égayeront la vie scolaire pendant l'année et qui sont, pour plusieurs, une source de motivation.

En plus de la « grève du zèle », certaines écoles risquent d'être carrément paralysées. La Fédération autonome de l'enseignement, particulièrement présente à Montréal, détient un mandat de trois jours de grève qu'elle pourrait appliquer rapidement. La Fédération des syndicats de l'enseignement n'entend pas emboîter le pas dans l'immédiat.

Une grève dès la rentrée serait un bien mauvais signal à envoyer aux élèves et aux parents. Voilà des mois que les enseignants font valoir leur engagement, plaidant l'urgence de préserver la qualité de l'école pour le bien-être et la réussite des enfants. Imposer un casse-tête de logistique aux parents dès la rentrée, même pour trois jours, n'est pas l'idéal pour obtenir leur appui.

Ces négociations syndicales, portant sur les conditions de travail, se déroulent par ailleurs dans un contexte particulier. Les compressions imposées au réseau réduisent les services aux élèves et alourdissent la tâche des professeurs. C'est inquiétant. Nous y reviendrons au cours des prochains jours.