Au crépuscule de sa vie, se sachant condamné par un cancer du pancréas, l'ancien maire Jean Doré continuait de caresser des rêves pour Montréal. Il était toujours animé par ce désir de réformer et d'améliorer sa ville pour que chaque citoyen se l'approprie. C'est ce que nous retiendrons.

Maire de Montréal de 1986 à 1994, Jean Doré a été poussé au pouvoir par un vent de changement. Après 26 années sous la gouverne de Jean Drapeau, la métropole se cherchait un nouveau dynamisme pour entrer dans la modernité.

Cela peut sembler une évidence aujourd'hui ; il s'agissait pourtant d'un virage en profondeur. Montréal s'est ouvert aux citoyens, à commencer par les portes de son hôtel de ville, avec l'ajout d'une période de questions.

L'époque était à la décentralisation. Avec Jean Doré à sa tête, le Rassemblement des citoyens de Montréal (RCM) avait la prétention de ramener les structures près de la population. Des arrondissements sont nés, des bureaux Accès-Montréal ont été créés.

Les décisions étaient guidées par des principes démocratiques et progressistes. Jean Doré a cherché la parité entre les hommes et les femmes jusqu'au comité exécutif.

Le maire consultait, beaucoup. À tel point que certains l'ont taxé d'être trop « étapiste ». D'autres lui reprochaient de trop parler, d'avoir trop d'idées... « Il y avait tant à faire ! », dira-t-il plus tard.

Le vent de changement ne s'est pas limité qu'aux structures. Après les projets grandioses d'Expo 67 ou des Jeux olympiques - qui ont aussi amené leur lot de désenchantement - , l'heure était aux projets structurants. Montréal s'est ainsi doté d'un premier plan d'urbanisme, de 150 kilomètres de pistes cyclables, de plages, d'un plan de relance pour la protection du mont Royal.

Au moment où l'on songe déjà aux célébrations du 375e anniversaire de Montréal, soulignons que c'est Jean Doré qui a piloté le 350e. Plusieurs de nos infrastructures sont un legs de cette période, que l'on songe au Biodôme, au jardin chinois du Jardin botanique ou au Musée de la Pointe-à-Callière, symboliquement érigé sur les fondations de Montréal.

Cette période, qui marque aussi le second mandat de Jean Doré comme maire, a toutefois été difficile dans le contexte économique du tournant des années 1990, ce qui a fait quelque peu oublier ses réalisations.

La mémoire a souvent besoin de recul. Il aura fallu attendre le 40e anniversaire de la fondation du RCM - alors que M. Doré était malade - pour que les avancées réalisées sous son règne soient reconnues à leur juste valeur. Contrairement à d'autres, pour qui l'honneur arrive parfois trop tard, Montréal a aussi donné le nom de Jean Doré à la plage qui portait officieusement son nom. Une reconnaissance arrivée à point nommé, de son vivant.