Le processus doit être précisé, mais l'idée de ramener la gouvernance des commissions scolaires plus près des écoles, en donnant davantage de responsabilités aux parents, est attrayante. Reste à savoir si la tâche les intéresse.

Notre collègue Tommy Chouinard a obtenu un scénario qui circule au Conseil exécutif - le ministère du premier ministre - concernant la réorganisation des commissions scolaires.

Comme le ministre de l'Éducation, François Blais, l'a publiquement exprimé, les commissaires seraient remplacés par un conseil scolaire de 15 personnes, dont le tiers des membres seraient des parents.

La nouvelle organisation compterait aussi un élu municipal, quatre membres des milieux communautaires et économiques, trois représentants des écoles (directeur, enseignant, professionnel de soutien) et deux membres cooptés.

La voix des parents et du milieu scolaire portera davantage, donnant à penser que les préoccupations seront plus près des besoins des élèves. Mais il y a un certain risque.

Les parents souhaitent-ils prendre davantage de responsabilités en s'impliquant de cette façon dans l'éducation de leurs enfants ? Dans certains milieux, la difficulté à les rejoindre et la faible participation au sein des conseils d'établissement font douter d'un soudain engouement.

Les questions sont actuellement plus nombreuses que les réponses. Le conseil devra prendre des décisions pour l'ensemble de la commission scolaire. Il ne faudrait pas qu'elles soient dictées par l'émotion ou des intérêts personnels. Le ministre songe à établir un « profil de compétences » ; il faudra voir comment il s'y prendra.

Même si les élections scolaires étaient critiquées, la disparition de cette instance démocratique, en raison d'un désintérêt évident, ne devrait pas nous réjouir. L'objectif est maintenant de rendre la nouvelle organisation plus efficace, mais le défi est grand. D'année en année, le Ministère exige toujours plus de redditions de comptes aux commissions scolaires qui se retrouvent, dans les faits, avec peu de marge de manoeuvre. Il sera d'ailleurs intéressant de voir comment se concrétisera la plus grande autonomie des écoles, promise par le ministre.

L'abolition du pouvoir de taxation des commissions scolaires est l'autre élément majeur de la réforme. Cet aspect est teinté de flou pour le moment. Le gouvernement imposera-t-il un taux de taxation par région ou pour l'ensemble du Québec ? Quand il est question d'uniformisation, les contribuables sont rarement gagnants et ils ne doivent pas s'attendre à voir leur compte de taxes diminuer. En revanche, ils peuvent difficilement en absorber davantage. Les municipalités pourraient hériter de la responsabilité de récolter cette taxe, mais le ministre n'a encore eu aucune discussion à ce sujet. Bref, beaucoup de travail reste à faire.

Le projet de loi, initialement attendu pour ce printemps, a été reporté à l'automne. Plus les mois passent, plus l'incertitude grandit. Pendant que les commissions scolaires sont en attente, les dossiers ne progressent pas.