C'est une guerre oubliée. Un conflit qui a fait plus de 5 millions de morts à ce jour - le plus meurtrier depuis la Seconde Guerre mondiale -, mais qui se déroule pourtant dans le silence, loin de nos soucis.

La population de l'est de la République démocratique du Congo a appris, faute de mieux, à vivre avec la terreur, omniprésente, que les rebelles attaquent les villages et se livrent à des pillages, des massacres, des enlèvements et des viols de masse.

L'Organisation des Nations unies espérait pourtant y ramener la paix. Voilà 15 ans qu'elle déploie dans ce pays sa plus importante mission tant en terme de ressources que de budget. Un constat s'impose: celui de l'impuissance. La paix semble encore bien loin.

Malgré un budget annuel de 1,4 milliard et la présence de 25 000 personnes, dont 19 461 militaires, le pouvoir de la MONUSCO (Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation de la République démocratique du Congo) s'avère limité.

Que peuvent 19 000 soldats sur un territoire trois fois et demie grand comme celui de la France, où 2000 kilomètres de forêt tropicale et de routes impraticables séparent la capitale - et le pouvoir politique - de l'est du pays, livré aux rebelles?

Que peuvent 19 000 soldats pour débusquer des milices réfugiées dans des régions difficilement accessibles quand l'on sait que la ville de New York compte, à elle seule, 34 500 policiers pour patrouiller dans son territoire?

Le conflit dépasse largement les frontières de la RDC. Pays voisins, le Rwanda et l'Ouganda sont de ceux qui sont soupçonnés d'avoir financé des groupes rebelles pour maintenir leur influence au Congo.

Les richesses naturelles comme l'or, les diamants et le coltan (qui sert à fabriquer des appareils électroniques) abondent dans le pays, suscitant la convoitise et donnant lieu à de l'exploitation illégale, notamment de la part de groupes armés.

La voie militaire empruntée par la MONUSCO et l'armée congolaise a donné certains résultats pour désarmer des rebelles, mais les effets à long terme sont incertains. Sans compter que la première organisation a souvent été critiquée par la population pour son incapacité à prévenir des massacres et que la seconde est sous-équipée et souvent corrompue.

Pire, la stabilité retrouvée ailleurs dans le pays après des années d'efforts semble aujourd'hui menacée par la tenue - incertaine - des élections en 2016. Le président Joseph Kabila a montré des signes qu'il pourrait s'accrocher au pouvoir au-delà des deux mandats prévus par la Constitution, ce qui a donné lieu à des affrontements violents la semaine dernière. Il faut éviter à tout prix que l'ensemble du pays ne retombe dans le chaos si l'on veut ramener un jour la tranquillité dans l'Est, livré aux rebelles.