Le radicalisme ne doit pas être une bouée de sauvetage, a déclaré le premier ministre du Québec Philippe Couillard, en réaction aux attentats commis cette semaine. C'est vrai et nous avons tous une certaine responsabilité pour éviter que cela ne se reproduise.

Pour le moment, les questions sont plus nombreuses que les réponses. Les motivations des tueurs restent à être précisées. Dans le cas de Martin Couture-Rouleau, on peut toutefois se demander comment l'islam radical a pu se dessiner comme la seule voie à suivre pour galvaniser un mal-être, une quête de sens, une colère.

Plusieurs ont émis l'hypothèse que les deux hommes, tant à Ottawa qu'à Saint-Jean-sur-Richelieu, étaient aux prises avec des troubles de santé mentale. Peut-être. Il est vrai que les ressources ne sont pas suffisantes pour détecter et aider adéquatement les personnes à ce chapitre, la santé mentale étant le parent pauvre du système de santé.

Sachant qu'une personne sur cinq éprouvera un problème de santé mentale au cours de sa vie - et ne se livrera évidemment pas à des attentats - on ne peut pas expliquer ce qui s'est passé uniquement avec cet argument.

De même, l'islam n'est pas non plus le seul responsable. Près d'un million de musulmans vivent au Canada selon le dernier recensement de 2011, soit 3,2 % de la population. Une minorité adhère aux idées intégristes qui, sans prôner la violence, rejettent les valeurs occidentales et des principes de liberté ou d'égalité. Une infime partie de cette minorité embrasse la voie politique qui invite au djihad, une lutte armée pour faire avancer une cause.

En revanche, au même titre que les services de renseignement, les corps policiers et les proches attentifs, la communauté musulmane a une certaine part de responsabilité pour faire en sorte d'éviter d'autres attentats.

Les leaders musulmans peuvent aider à détecter, au sein de leur communauté, des individus qui se radicalisent. Le gouvernement québécois a émis le souhait de travailler en plus étroite collaboration avec eux et cet appel semble avoir été entendu.

Il ne faut toutefois pas se leurrer. Seulement à Montréal, une centaine de mosquées et de lieux de prières existent, parfois fréquentés par une poignée de fidèles. Les leaders musulmans peuvent être à l'affût, mais eux aussi sont démunis quand ils font face à des gens qui agissent isolément, qui se relient à une communauté virtuelle aux idées radicales propagées par internet.

La prise de conscience actuelle est nécessaire. Chacun a un devoir de responsabilité et de vigilance pour faire en sorte que la radicalisation ne soit pas la seule avenue qui se dessine pour des gens vulnérables. Il faut toutefois rester conscient que rien n'est infaillible et que des gestes comme ceux posés cette semaine ont généralement plusieurs causes.