Septembre sonne le retour des devoirs, sources de conflits et de stress pour bien des familles. Leur pertinence suscite un débat récurrent, au point où des écoles mettent en place des expériences pilotes pour les abolir. C'est une option à envisager pour les élèves du primaire.

Chez les plus jeunes, les devoirs n'ont pratiquement aucun impact sur l'apprentissage et la réussite scolaire, conclut l'ouvrage de référence Visible Learning.

Le chercheur John Hattie a réalisé une synthèse exhaustive de 50 000 études, réalisées dans plusieurs pays, sur les facteurs favorisant l'apprentissage. La rétroaction de l'enseignant et le lien de confiance qu'il développe avec un élève sont les plus déterminants. La lecture et l'engagement parental sont aussi importants. Mais les devoirs? L'impact est négligeable au primaire.

L'idée que les devoirs responsabilisent les élèves en les rendant plus autonomes est également répandue. Dans un avis produit en 2010, le Conseil supérieur de l'éducation soulignait pourtant que «l'influence des devoirs sur l'acquisition de bonnes méthodes de travail est peu documentée.»

Les parents sont pour leur part ambivalents sur la question des devoirs. Un sondage réalisé par la Fédération des comités de parents du Québec auprès de ses membres a démontré que 90% des répondants y sont favorables. Ils ont ainsi l'impression de savoir ce que leurs enfants apprennent en classe.

Mais 46% ont aussi affirmé que les devoirs sont une source de stress et de conflits à la maison. C'est particulièrement le cas lorsque les enfants éprouvent des difficultés scolaires.

Entre le travail, le transport et le souper à préparer, il peut être ardu de caser les devoirs dans l'horaire. Les enfants sont fatigués. Après une journée passée en classe, ils ont le goût de bouger.

Beaucoup de parents ne sont également pas outillés pour aider leurs enfants dans leurs travaux scolaires. La plupart des services de garde offrent désormais une période de devoirs pour les écoliers. Le gouvernement doit investir des millions dans l'aide aux devoirs pour ceux qui sont en difficulté.

Abolir les devoirs permettrait de récupérer ces sommes pour embaucher davantage de professionnels - notamment des orthopédagogues - qui aideraient les élèves à assimiler la matière pendant les cours et non après les classes.

Il faut s'interroger sur l'utilité réelle des devoirs. Plusieurs spécialistes sont d'avis qu'une période de lecture en famille ou une courte période d'étude pour mémoriser les tables de multiplication, par exemple, sont suffisantes. Cette formule a le mérite de pouvoir se faire de façon informelle, sous forme de jeu, tout en permettant aux parents de suivre les progrès de leurs enfants.

Abolir les devoirs laisserait du temps aux enfants du primaire pour jouer, faire du sport et s'aérer l'esprit. Les devoirs viendront bien assez vite, au secondaire, une période où ils ont plus d'impact sur la réussite scolaire.