Le débat qui ressurgit à chaque rentrée scolaire sur la pertinence d'utiliser la tablette numérique ou l'ordinateur portable en classe n'a pas lieu d'être.

Bien sûr, nous devons être conscients que la technologie a ses limites. Elle n'est, somme toute, qu'un outil parmi tant d'autres pour favoriser l'apprentissage. Il reste que l'école doit se rapprocher de la vie quotidienne des élèves.

La popularité de la lecture numérique est un exemple convaincant. À peine 5 % des élèves du secondaire affirment lire un livre papier par plaisir (et non par obligation). Cette proportion bondit à 30 % avec la lecture sur une tablette.

C'est ce que démontre le récent volet d'une étude sur l'usage de la tablette numérique dans les écoles secondaires, dirigée par Thierry Karsenti, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les technologies de l'information et de la communication en éducation à l'Université de Montréal.

L'intérêt semble être le même chez les filles comme chez les garçons qui, on le sait, sont souvent moins motivés par l'école. C'est une bonne nouvelle puisque la maîtrise de la lecture est un facteur de réussite et de persévérance scolaires.

Il ne faut pas s'étonner que les jeunes prennent davantage plaisir à lire sur une tablette. Dans son étude, Thierry Karsenti rapporte que les élèves aiment l'interactivité qu'elle offre, non seulement avec le texte, mais aussi avec des illustrations, des photos, des vidéos et d'autres compléments. Il suffit aussi de cliquer sur un mot incompris pour en avoir la signification.

Des enseignants du secondaire ont réussi à faire redécouvrir des classiques comme Dickens, Jules Verne ou Voltaire à leurs élèves qui trouvaient pourtant la version papier ennuyeuse.

Bien sûr, la tablette numérique n'est pas la solution miracle. Elle s'accompagne de défis, à commencer par la distraction qu'elle peut susciter.

Elle n'éclipse pas non plus l'importance d'avoir des livres neufs dans les bibliothèques, débat relancé avec les compressions qui touchent les commissions scolaires et qui a fait dire à Yves Bolduc « qu'il n'y a pas un enfant qui va mourir de ça et qui va s'empêcher de lire, parce qu'il existe déjà des livres (dans les bibliothèques). » Des propos désespérants de la part d'un ministre de l'Éducation.

Mais pourquoi aller à contrecourant en cherchant à bannir l'usage de la tablette ou du portable en classe ? Les élèves grandissent dans un monde de technologie et d'instantanéité. Pourquoi vouloir garder l'école loin de tout cela ?

Être au contraire plongés dans un milieu d'apprentissage qui n'est pas déconnecté de leur réalité peut favoriser la motivation.

Il faut avoir l'esprit ouvert devant les changements technologiques qui frappent l'école. Et garder en tête que l'élément déterminant qui favorisera l'intérêt d'un jeune pour l'école reste l'enseignant.