L'assassinat du journaliste américain James Foley, décapité par l'État islamique (EI), met un visage sur une menace qui, jusqu'à maintenant, restait abstraite et distante. L'Occident s'inquiète, avec raison, des ramifications de ce groupe ultra-radical et des répercussions qu'il pourrait avoir chez nous.

Le nombre d'Occidentaux qui adhèrent aux convictions de l'EI semble en croissance. Une dizaine de Canadiens et plusieurs centaines d'Européens gonfleraient ses rangs. Le Nouvel Observateur rapportait hier que de 400 à 500 Britanniques ont combattu en Irak et en Syrie depuis deux ans.

Il apparaît d'ailleurs de plus en plus plausible que le bourreau de James Foley soit un citoyen britannique, contribuant au réveil brutal de la communauté internationale.

Des chefs d'État, Barack Obama en tête, ont condamné l'EI et le danger qu'il représente, craignant d'éventuels actes terroristes sur leur territoire. Une inquiétude légitime puisque l'objectif ultime de cette organisation violente est de s'en prendre à l'Occident.

Dans la foulée de ce geste de barbarie qu'est la mort de James Foley, qui vient nous heurter dans nos convictions, nous avons toutefois tendance à occulter la réalité qui frappe la population irakienne, en particulier certaines minorités religieuses.

Déjà persécutés depuis une décennie, les Yazidis - une minorité kurde non musulmane - et les chrétiens font face à un quasi génocide. Leurs populations sont pourchassées par les djihadistes. Des milliers de réfugiés ont été jetés sur les routes de l'exil. Des centaines de personnes ont été tuées. Des femmes ont été enlevées, asservies, violentées.

Les musulmans qui ne sont pas jugés suffisamment radicaux sont aussi violemment pris à partie. L'EI prône un islam sans nuances qui est loin de faire l'unanimité dans cette région du monde. «Ils sont les ennemis numéro un de l'islam», a d'ailleurs dénoncé le grand mufti d'Arabie saoudite, Abdel Aziz Al-Cheikh, un religieux de confession sunnite, comme beaucoup de combattants de l'EI.

Pour espérer les stopper, plusieurs pays, dont le Canada, fournissent des armes aux Kurdes qui les combattent. L'Organisation des Nations unies prépare une vaste opération humanitaire.

À peine trois ans après le retrait de leurs troupes, les États-Unis sont quant à eux de retour dans le désert irakien. Le président Obama a été contraint d'autoriser des frappes aériennes. Il continue toutefois de refuser d'envoyer des troupes terrestres de combats, ce qui anéantirait sa politique étrangère basée sur la diplomatie. En envoyant un contingent de soldats et de conseillers militaires qui atteindra bientôt 1200 hommes, les États-Unis se sont tout de même mis le bras dans l'engrenage.

Est-ce que ce sera suffisant pour stopper l'EI? Chose certaine, la communauté internationale vient de prendre conscience, brutalement, qu'elle représente une menace beaucoup moins distante et plus concrète qu'elle n'y paraissait.