On peut se demander si le Conseil supérieur de l'Éducation n'a pas cloué le cercueil du futur cours d'histoire obligatoire pour tous les cégépiens.

Dans son avis diffusé hier, le Conseil recommande au gouvernement de ne pas aller de l'avant avec le projet de l'ancien ministre Pierre Duchesne. Les jeunes démontrent des lacunes «criantes» dans leur connaissance de l'histoire du Québec, disait-il.

L'avis ne porte pas sur la pertinence d'ajouter un cours d'histoire, mais sur la façon de s'y prendre.

Le nouveau cours devait s'inscrire dans la formation générale commune à tous les cégépiens, au même titre que le français et la littérature, la philosophie, l'éducation physique et l'anglais, langue seconde.

Pour ajouter un cours dans la grille, il fallait amputer un cours complémentaire. C'est le problème, souligne le Conseil.

En 20 ans, le nombre de cours complémentaires est passé de quatre à deux. Avec l'ajout du cours d'histoire obligatoire, il n'en resterait qu'un seul.

Vrai, la pertinence de certains cours complémentaires est critiquée, mais de façon générale, ils ont leur importance. C'est une façon pour de jeunes adultes d'explorer d'autres avenues et de s'assurer qu'ils font le bon choix de formation. Certains y trouvent la motivation nécessaire pour poursuivre leurs études.

La formation collégiale est rendue à un point de bascule, craint le Conseil. La scolarisation obligatoire, par le biais de la formation générale commune, prend de plus en plus de place et ce n'est pas l'objectif des études supérieures.

Au collégial, les changements sont introduits à la pièce depuis trop longtemps, au gré des orientations gouvernementales. Un peu plus d'éducation physique pour contrer l'obésité. Un peu plus d'anglais pour favoriser un certain bilinguisme. Un peu plus d'histoire maintenant.

Il n'y a aucun doute que les jeunes adultes doivent connaître l'histoire du Québec qui a forgé les grandes institutions et la société d'aujourd'hui.

Mais au moment où l'on se penche aussi sur une réforme de l'enseignement de l'histoire au secondaire, il y a lieu de se demander pour quelles raisons ces notions ne sont pas acquises dès cette période, alors que la formation y est obligatoire?

Ces connaissances sont aussi pertinentes pour les jeunes qui quittent l'école après le secondaire que pour ceux qui poursuivent des études supérieures.

Le nouveau ministre de l'Éducation, Yves Bolduc, a déjà annoncé le report du cours d'histoire obligatoire au collégial, le temps d'en évaluer la pertinence.

Il n'y a effectivement pas d'urgence. Mieux vaut prendre le temps de mener une réflexion en profondeur pour éviter que la formation collégiale continue d'évoluer au gré des tendances et des changements de gouvernement. Il serait aussi judicieux de tenir compte de la réforme de l'histoire au secondaire, qui est à se mettre en place.