Le nouveau ministre de l'Éducation, Yves Bolduc, s'est montré favorable au cours des derniers jours au retour de l'apprentissage de l'anglais intensif en 6e année du primaire.

Annoncée par Jean Charest dans un discours inaugural, en février 2011, cette mesure devait être implantée dans toutes les écoles de la province. Une décision qui semblait improvisée et qui n'a pas fait l'unanimité.

Le Parti québécois a appliqué les freins. Les écoles qui souhaitaient aller de l'avant pourraient le faire, mais sans obligation. En 2012-2013, à peine 12% des écoles offraient l'anglais intensif en 6e année.

Le nouveau ministre se montre maintenant favorable à relancer le programme. Il est d'autant plus convaincu que ses fils ont eu droit à l'anglais intensif et que cet apprentissage leur a été bénéfique, a-t-il dit.

La maîtrise de l'anglais n'est plus seulement un atout sur le marché du travail, c'est souvent une exigence. Nos jeunes doivent être en mesure de se démarquer.

Or, un «saupoudrage» à raison d'une ou deux heures d'anglais par semaine n'est pas suffisant. Déjà, lors des États généraux sur l'avenir et la situation de la langue française, en 2001, les spécialistes s'entendaient pour dire que l'enseignement intensif est plus profitable.

C'est à cette période que la commission scolaire du Lac-Saint-Jean a implanté un programme d'anglais intensif dans toutes ses écoles, programme souvent cité en exemple.

Une analyse récente produite par la commission scolaire démontre que le taux de réussite des élèves aux examens d'anglais s'est considérablement amélioré depuis l'instauration du programme.

La formule d'enseignement la plus populaire divise l'année scolaire en deux: le programme régulier, dont l'enseignement du français et des mathématiques, est condensé en cinq mois et les élèves sont plongés dans l'anglais intensif les cinq mois restant.

La tâche est toutefois ardue pour les enseignants du programme régulier qui ont l'impression de ne pas approfondir les notions. Des inquiétudes qui méritent une oreille attentive.

Pour suivre la cadence, les élèves en difficulté doivent aussi bénéficier du support nécessaire, notamment en orthopédagogie, pour assimiler les connaissances. À Montréal, il faut aussi tenir compte de la forte présence d'élèves allophones qui n'ont pas le français comme langue première.

Bien qu'indispensable, l'enseignement de l'anglais ne doit pas se faire au détriment des autres matières, en particulier le français.

Plusieurs défis, donc, auxquels s'ajoute le manque d'enseignants qualifiés. L'ancien gouvernement libéral avait d'ailleurs commencé à recruter en Ontario et en Colombie-Britannique.

Le Conseil supérieur de l'éducation s'est penché sur l'enseignement de l'anglais langue seconde au primaire. Son avis est attendu dans les prochains mois.

Le gouvernement Marois avait aussi commandé une recherche à l'École nationale d'administration publique (ENAP) sur la question de l'anglais intensif. Le document a été remis au ministère de l'Éducation en janvier, mais n'a pas encore été rendu public.

Avant de prendre une décision, il serait sage d'attendre les conclusions de ces rapports documentés qui éclaireront davantage la réflexion que des impressions. Chose certaine, l'anglais intensif est une voie intéressante, mais seulement si l'on est en mesure de tenir compte des spécificités de chacun des milieux.