À première vue, la baisse de 1% de l'utilisation de l'auto dans la région métropolitaine est décevante. Quoi? Tous ces efforts (dont le prolongement du métro vers Laval), toute cette sensibilisation pour ça?

Les dirigeants de l'Agence métropolitaine de transport (AMT) qui ont commandé l'Enquête origine-destination dévoilée hier se disent pourtant encouragés. Les patrons de la Société de transport aussi nous assurent qu'il faut voir ce 1% de façon positive.

Pourquoi? Parce que dans l'île de Montréal, la baisse est encore plus marquée, soit 6%. Et que cette diminution de ce qu'on pourrait appeler le "réflexe auto) survient alors que le parc automobile, lui, a augmenté de 10%. Plus de propriétaires d'autos, donc, mais moins de déplacements sur les routes.

Autre donnée réjouissante: une augmentation de 11% des adeptes du transport actif (marche et vélo). Sans compter une hausse significative de l'affluence des transports en commun dans les deux couronnes de Montréal.

À partir de cette enquête, il faut maintenant se demander ce qui peut être fait pour encourager davantage de gens à laisser l'auto à la maison.

Bien sûr, il y aura toujours des navetteurs qui se rendront au boulot en auto. Pour les travailleurs aux horaires atypiques, pour ceux qui doivent faire le trajet Lachine-Anjou par exemple, ou encore pour qui doit se déplacer plusieurs fois dans la même journée, l'auto demeure un choix logique.

Mais pour ceux qui habitent des quartiers bien desservis par les transports collectifs et qui ne bougent pas de leur lieu de travail durant la journée, le métro, le bus et le train devraient s'imposer. Ce sont eux - ceux qui ont toujours une bonne raison pour se justifier d'utiliser leur auto - qu'il faut convaincre.

Comment? En rendant le réseau actuel plus fiable qu'il ne l'est actuellement. Parions que les nombreuses pannes dans le métro au cours des derniers mois ont fait beaucoup de mal et découragé bien des usagers d'utiliser le métro. Espérons que le feuilleton du remplacement des voitures du métro se règle au plus vite. Ensuite, il faut augmenter la fréquence en dehors des heures de pointe. Quand il faut attendre un bus ou un métro 10 minutes et plus à l'extérieur des heures de pointe, cela encourage les déplacements en voiture.

Ensuite, il faut développer le réseau. En cela, le feu vert au début des travaux du train de l'Est est une excellente nouvelle et on imagine bien qu'il connaîtra le même succès que le métro de Laval. L'éventuel bus en site propre sur Pie-IX devrait permettre, quant à lui, de désengorger la ligne orange, bondée aux heures de pointe.

Lundi, la ministre des Transports, Julie Boulet, a déclaré qu'il lui fallait de l'argent pour réaliser tous ces projets.

Une augmentation de la taxe d'accise sur l'essence, telle que demandée par les élus de la CMM, demeure à notre avis la solution la plus équitable pour créer une source de financement stable et récurrente. Le prochain budget provincial nous dira si le gouvernement Charest voit la situation du même oeil.