C'est le Gérald Tremblay des bons jours qui a présenté le nouveau comité exécutif de la Ville de Montréal, hier matin. Tout sourire, se permettant même quelques blagues, il était loin du maire à la mine défaite des jours sombres. C'est d'ailleurs pour faire oublier les scandales et la déroute des derniers mois qu'il s'est résigné à nommer des membres de l'opposition au comité exécutif. Dans un geste sans précédent, disons-le, il a donc confié le dossier de l'urbanisme à Richard Bergeron, chef de Projet Montréal, alors que Lyn Thériault, de Vision Montréal, hérite du développement social et communautaire.

Une révolution? Il faudra voir si les nommés exerceront un réel pouvoir ou s'ils ne seront là que pour des motifs cosmétiques. M. Bergeron s'est bien défendu d'avoir accepté un rôle de pantin. On verra si ses idées sur l'échangeur Turcot, la rue Notre-Dame et l'entrée maritime (ses priorités, nous a-t-il dit hier) se concrétiseront au cours des prochains mois.

 

Dans son cas, c'est un double pari puisqu'il est également chef d'un des partis de l'opposition, une situation qui pourrait vite devenir invivable si les choses n'allaient pas dans le sens qu'il souhaite. Aura-t-il les coudées franches pour critiquer?

Pour sa part, le maire de Montréal a la ferme intention de nous convaincre qu'il a changé. Outre l'ouverture «historique» (dixit le maire lui-même) dont il a fait preuve à l'endroit de l'opposition, c'est davantage dans les départs qu'on peut constater, pour l'instant du moins, une réelle volonté de rupture avec le passé. Gérald Tremblay a indiqué la porte à Claude Dauphin, Sammy Forcillo et Luis Miranda, tous trois associés à l'ancien régime et donc, à l'histoire récente et peu glorieuse de Montréal.

Autre victoire morale pour Projet Montréal, la volonté du maire Tremblay de confier davantage de responsabilités aux commissions, qui deviendraient des lieux de discussion, de réflexion, mais qui émettraient également des recommandations au comité exécutif. Excellente idée. Le maire a d'ailleurs confié un premier mandat à la commission de la présidence, soit celui de réfléchir à des façons de rendre plus transparent le processus de décisions à l'hôtel de ville.

Il est clair que pour son troisième mandat, Gérald Tremblay a décidé d'en mener large. S'inspirant de Squiddly Diddly, le personnage de pieuvre des dessins animés de notre enfance, le maire de Montréal devra jongler avec de multiples responsabilités puisqu'il sera aussi président du comité exécutif, en plus de présider les assemblées de l'arrondissement Ville-Marie, dont il est le nouveau maire. Il ne pourra plus dire qu'il ne savait pas, il sera partout à la fois.

Aujourd'hui, on ne peut donc pas reprocher au maire Tremblay de ne pas agir. Reste à voir s'il fera un ménage en profondeur, ou s'il se contentera de balayer la poussière sous le tapis.