Il y a deux ans, un vent de déprime soufflait sur la Semaine de mode de Montréal. Le designer Philippe Dubuc venait de déclarer faillite, les créateurs se plaignaient de ne pas avoir les reins assez solides pour s'exporter à l'étranger, et tout le monde se désolait que les vedettes québécoises ne portent pas de créations d'ici aux galas télévisés. Bref, la mode était à la petite robe noire, mais le moral, lui, était au gris.

Deux ans plus tard, on peut dire que le vent a tourné.

Les organisateurs de la Semaine de mode de Montréal qui débute aujourd'hui semblent beaucoup plus optimistes. En deux ans, les choses ont changé pour le mieux. À commencer par la nouvelle stratégie de l'industrie québécoise de la mode et du vêtement du ministère du Développement économique du Québec, accompagnée d'une enveloppe de 82 millions dollars d'ici à 2010. Cette subvention permet d'organiser des activités de promotion, à Paris par exemple, et surtout, de créer un certain engouement autour de Montréal, ville de mode.

 

Résultat: cette semaine, le marché Bonsecours - QG de la Semaine de mode - accueillera de nombreux journalistes étrangers (Paris, New York, Mexico), mais surtout plus d'une centaine d'acheteurs qu'on espère voir repartir avec un carnet d'achats bien rempli.

Autre initiative qui a porté ses fruits: la création, au printemps dernier, du Bureau de la mode de Montréal, un outil promotionnel mis sur pied par la Ville pour faire connaître la métropole comme une destination mode incontournable.

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Au fond, cette semaine est une autre variation sur le thème «Montréal ville de créateurs et de créativité», si cher à Gilbert Rozon. Pensons-y deux secondes: Dany Laferrière en nomination pour des prix prestigieux de littérature (Médicis, Femina), Xavier Dolan qui rafle des prix et qui représente le Canada dans la course aux nominations des Oscars avec J'ai tué ma mère, la série télé Les Parent vendue dans plusieurs pays, les chefs Normand Laprise et Martin Picard qui font parler d'eux dans la presse gastronomique... Après la littérature, le cinéma, la télé et la gastronomie, pourquoi pas la mode?

Il y a quelques mois, M. Rozon disait vouloir greffer d'autres événements à son festival Juste pour rire afin de créer un véritable happening et d'attirer encore plus de gens à Montréal durant l'été. Appliquons la même stratégie à la mode en organisant une semaine mode, design, architecture qui offrirait des défilés, des expositions, des manifestations extérieures ainsi qu'un volet conférences qui permettrait à nos experts de partager leur savoir. Ouvrons le concept pour en faire une véritable fête comme Montréal sait en organiser. D'autant plus que la métropole québécoise a déjà un atout que bien d'autres villes du monde lui envient: elle est reconnue comme ville UNESCO de design. Sur un carton d'invitation, ça paraît bien. L'an prochain?