Cette semaine, en plus du plan de lutte contre le décrochage scolaire de la ministre de l'Éducation, on a également lancé une campagne de sensibilisation qui veut encourager la population à s'intéresser à l'école.

C'est l'infatigable banquier Jacques Ménard, président du Groupe d'action sur la persévérance et la réussite scolaires, qui mène l'opération.

 

La campagne radio, en ondes depuis mardi dernier, met en vedette des stars québécoises comme Normand Brathwaite, Marie-Michèle Desrosiers, Kent Nagano, Céline Dion et son agent-mari René Angélil.

En gros, ils incitent les auditeurs à poser des questions aux jeunes, à s'intéresser à ce qu'ils font à l'école. Bien qu'on puisse se questionner sur l'impact d'un tel message, l'équivalent de « Mange tes légumes, c'est bon pour la santé «, il faut saluer la participation bénévole de ces personnalités qui ont mis leur notoriété au service de l'éducation. C'est fort louable et personne ne leur reprochera. On sait l'influence que les vedettes peuvent avoir sur tout un pan de la société québécoise.

Mais le choix de faire uniquement appel à des artistes de la scène et de la chanson pour promouvoir la persévérance scolaire est paradoxal.

Voilà une belle brochette d'individus dont la réussite n'a absolument rien à voir avec le travail scolaire. Au contraire, Céline Dion a regretté publiquement, et à plusieurs reprises, de ne pas avoir terminé ses études secondaires. Bien sûr, elle dira aux jeunes qu'il est important de ne pas abandonner mais il demeure qu'aux yeux des Québécois, elle est LE symbole de la réussite et qu'elle est arrivée au sommet sans l'école. Contradictoire comme message.

C'est d'autant plus dérangeant qu'aujourd'hui, beaucoup de jeunes semblent croire que pour réussir dans la vie, il faut être connu, reconnu, célèbre. Et il est évident qu'à leurs yeux, la notoriété à laquelle ils aspirent ne se construit pas sur les bancs d'école, mais bien par un coup de baguette magique. C'est, du moins, ce que les médias, la télévision en particulier, leur font miroiter. En leur faisant croire qu'on « arrive « quelque part non pas à la suite d'un long voyage semé d'efforts et d'embûches, mais plutôt après avoir participé à une niaiserie télévisuelle à la Loft Story.

On comprend que les concepteurs de cette campagne aient misé sur la notoriété et l'amour du public pour Simple Plan et Céline Dion afin de faire passer le message. Mais pourquoi ne pas avoir ajouté à ce groupe quelques individus qui brillent dans la société à cause de leur travail intellectuel ? Julie Payette par exemple, au faîte de sa gloire cette année. Ou, plus près des jeunes, India Desjardins, auteure-vedette d'Aurélie Laflamme, qui gagne sa vie en écrivant des livres.

Enfin, pour que cette campagne atteigne vraiment sa cible, il faudrait des témoignages de gens qui ont décroché et qui en souffrent, des gens qui occupent des jobines démotivantes et qui regrettent d'avoir abandonné. Leur message serait sans doute plus percutant que celui d'une décrocheuse devenue multimillionnaire.