La mort de Fredy Villanueva et l'émeute qui a suivi ont laissé des blessures qui ne se referment pas dans Montréal-Nord. Un rapport de l'organisme Montréal-Nord en santé illustre l'ampleur des dégâts et surtout, le travail colossal à accomplir dans ce quartier.

Montréal-Nord a toujours été un quartier difficile, les problèmes qu'on y observe ne datent pas d'hier, mais ils se sont aggravés au fil des ans.

 

Dans le document d'une quarantaine de pages, les auteurs brossent un portrait complètement désolant de la situation actuelle. Du logement à la famille en passant par la sécurité publique et la situation des aînés, soyons honnêtes, il n'y a pas grand-chose qui va bien dans l'ancienne ville d'Yves Ryan.

On y trouve là un condensé de tous les problèmes de société: pauvreté, faim, violence, manque d'encadrement des jeunes, sous-stimulation des enfants, drogue et alcool, décrochage scolaire, grossesses précoces...

Pour ajouter à cela, les gens de Montréal-Nord se méfient des autorités, en particulier de la police qui a une grosse pente à remonter dans ce quartier. La discrimination, le racisme et le sentiment d'être complètement abandonnés à leur sort contribuent à leur malaise.

Ne soyons pas naïfs, il n'y a pas un programme communautaire au monde qui va effacer des décennies de problèmes sociaux causés d'abord et avant tout par l'immense pauvreté qui sévit dans ce quartier. Il y a un véritable travail de reconstruction à effectuer à Montréal-Nord: reconstruction de l'estime de soi, du respect de soi et des autres. Pour y arriver, il n'y a pas 36 chemins: le travail, la valorisation de la réussite scolaire et sportive sont encore les avenues qui donnent les meilleurs résultats.

Et s'il y a un groupe qu'il faut aider en priorité, ce sont les jeunes. Or le chapitre qui leur est consacré a de quoi décourager le plus endurci des travailleurs sociaux. Par où commencer?

Les auteurs proposent quelques pistes: le sous-financement des organismes communautaires et le manque de parcs et d'installations sportives posent de véritables problèmes. À ce sujet, peut-être que l'exemple de Saint-Michel, où la communauté est tissée serré et où on trouve désormais le Taz ainsi qu'une immense patinoire offerte par le Canadien, pourrait être inspirant. Souvenons-nous seulement du sentiment de fierté lorsque l'OSM a donné un spectacle l'été dernier dans Montréal-Nord. Les jeunes ont besoin de sentir que leur quartier n'est pas pestiféré, qu'il peut s'y passer de belles choses. Surtout, il faut montrer à ces jeunes - en s'intéressant à eux, en leur offrant des terrains sportifs, en les aidant à réussir à l'école - que la société leur fait confiance. Le service de police, quant à lui, doit absolument revoir ses méthodes d'intervention dans ce secteur.

Mais avant toute chose, il faut que les jeunes eux-mêmes soient intimement convaincus de l'urgence de changer les choses. Jusqu'ici, on a beaucoup entendu les médias et les représentants de groupes communautaires se désoler de la situation. Or il n'y aura pas de véritable changement dans Montréal-Nord s'il n'est pas d'abord désiré par les jeunes qui y vivent et qui y vivront encore demain.

nathalie.collard@lapresse.ca