Investir dans la réfection des ponts et des autoroutes serait discriminatoire envers les femmes, selon la présidente du Conseil du statut de la femme, Christiane Pelchat.

Mme Pelchat s'inquiète qu'on mise surtout sur le béton pour relancer l'économie. Elle déplore que ces investissements ne bénéficient pas aux femmes, qui comptent pour 50% de la main-d'oeuvre active, mais qui sont peu présentes dans le milieu de la construction.

 

Cette position frise le ridicule. En effet, le constat du Conseil du statut de la femme fait abstraction de deux choses: la première, les infrastructures québécoises tombent bel et bien en ruines au Québec. Que fait-on? On impose un moratoire jusqu'à ce qu'il y ait suffisamment de femmes dans les corps de métiers de la construction? On compense financièrement les femmes qui ne bénéficieront pas de ces investissements?

En outre, le Conseil du statut de la femme n'accorde pas suffisamment d'importance à la crise économique.

Les investissements dans les infrastructures ont été identifiés comme des chantiers qui pourraient relancer l'économie et créer des emplois. Le temps dira si les gouvernements ont eu raison, mais leurs décisions ont été motivées par des choix qui n'ont rien à voir avec la discrimination envers les femmes. Imagine-t-on les hommes se plaindre d'un investissement en éducation sous prétexte qu'il favoriserait davantage un domaine majoritairement féminin?

Enfin, le Conseil du statut de la femme ne fait pas grand cas des statistiques. Depuis le début de la crise, ce sont en grande majorité des hommes qui ont été touchés. En février, selon Statistique Canada, 109 000 hommes ont perdu leur emploi alors que 21 600 femmes en trouvaient un. Durant le même mois, le taux de chômage chez les hommes est passé de 6,7% à 7,3% alors que chez les femmes, il augmentait de 5,4% à 5,6%. Pour l'instant, donc, ce sont les hommes qui sont les plus vulnérables.

Mme Pelchat n'est toutefois pas la seule à trouver sexistes les programmes d'investissements dans les infrastructures. Il y a deux semaines, le collectif du 8 mars, qui regroupe la Fédération des femmes du Québec ainsi que des syndicats comme la CSQ, la CSN et la FTQ, tenait les mêmes propos. Tous ces groupes font valoir que le gouvernement a le devoir de respecter la politique d'égalité entre les hommes et les femmes adoptée en 2007 et que pour ce faire, il devrait analyser chaque politique et chaque programme à la lumière de leurs impacts sur les hommes et les femmes (ce qu'on appelle dans le jargon l'analyse différenciée selon les sexes).

Certes, l'égalité entre les sexes est un principe primordial et la vigilance sera toujours de mise pour s'assurer qu'il y a équité entre les hommes et les femmes. L'analyse différenciée selon les sexes demeure un outil intéressant, mais cela ne veut pas dire qu'il faut en faire un dogme.