Les coupes dans le budget de la Société de transport de Montréal (STM) annoncées cette semaine sont injustifiables.

Premièrement, le maire, Gérald Tremblay, demande à la STM d'assumer le quart des compressions annoncées par la Ville. C'est injuste.

La STM ne roule déjà pas sur l'or avec un manque à gagner de 38 millions, un trou béant qu'elle tente de camoufler d'un budget à l'autre, sans succès.

 

Le nouveau président de la STM, Michel Labrecque (les plus cyniques diront que sa nomination relevait avant tout de l'opération de relations publiques étant donné ce qui s'en venait), a déclaré qu'il n'y aurait ni diminution de service ni hausse de tarifs. Ah bon? Si la STM est capable de se passer de 40 millions sans faire payer davantage les usagers, pourquoi ne l'a-t-elle pas fait l'an dernier, lorsqu'elle a imposé une hausse de 2,25$ du laissez-passer mensuel, en prétextant entre autres choses... ses engagements financiers de plus en plus lourds vis-à-vis de sa dette? S'il y avait du gras quelque part, pourquoi la Société ne l'a-t-elle pas éliminé avant? Pourquoi avons-nous la désagréable impression qu'on nous prend pour des imbéciles?

Cette décision de la Ville de Montréal est d'autant plus incompréhensible qu'on nous répète depuis des mois que le Plan de transport est une priorité pour l'administration Tremblay. C'est écrit noir sur blanc dans plusieurs documents officiels de la Ville et MM. Tremblay et Lavallée (vice-président du comité exécutif) ne perdent jamais une occasion de nous rappeler que le développement des transports collectifs est au coeur de la stratégie du développement économique de la métropole. On nous assure depuis plusieurs mois que le vent a tourné, que nous entrons enfin dans une nouvelle ère d'investissements dans les transports en commun. Si c'est le cas, alors «Put your money where your mouth is», comme disent les Anglais.

La cohérence, c'est ce qu'on attend de cette administration à moins d'un an des élections municipales. Si Montréal ne revient pas sur sa décision de toucher au financement de la STM, il sera très difficile de croire ses dirigeants lorsqu'ils viendront nous redire à quel point les transports en commun sont importants.

Quant au souhait exprimé par le maire Tremblay de voir les villes de banlieue contribuer plus généreusement au financement du réseau, il relève du voeu pieux ou de l'excès d'optimisme.

Franchement! Laval a suspendu sa contribution parce qu'elle juge que ses résidants paient déjà trop cher leur titre de transport, et elle délierait soudainement, dans un grand élan de générosité, les cordons de sa bourse? Sans compter que les villes de banlieue traversent la même crise économique que Montréal. Leur demander de payer plus, c'est rêver en couleur. Même chose lorsque le maire nous dit qu'il espère plus d'argent de Québec et Ottawa. Soyons réalistes: les chances sont minces, pour ne pas dire inexistantes.

Gouverner, c'est faire des choix. L'administration Tremblay nous dit que les transports collectifs sont au sommet de ses priorités. Qu'elle le prouve.