Le changement de vocation du complexe Ex-Centris est une très mauvaise nouvelle. Pour les cinéphiles mais également pour Montréal. Une métropole soi-disant culturelle qui perd un lieu de diffusion de cinéma d'auteur où on pouvait voir tous les films en version originale, ça fait mal.

Le complexe Ex-Centris est un endroit extraordinaire, tant sur le plan du design que pour la qualité de visionnement des films: sièges confortables, écran impeccable, insonorisation des salles et surtout, aucun taco ou hot-dog vendu sur place. Le bonheur pour ceux qui aiment regarder un film sans entendre claquer les mâchoires du voisin.

Le lieu en lui-même est superbe. Sa construction a fait entrer Montréal dans le XXIe siècle. Et il donnait un peu de profondeur à cette portion on ne peut plus superficielle du boulevard Saint-Laurent.

Les cinéphiles montréalais ne sont pas les seuls orphelins de cette histoire. Claude Chamberlan, grand gourou du Festival du nouveau cinéma, va devoir déménager son mythique Cinéma Parallèle. Heureusement, l'homme en a vu d'autres. Et comme il y a plusieurs locaux inoccupés dans ce secteur, ce ne devrait pas être trop compliqué de trouver une nouvelle adresse pour cette institution montréalaise.

Le mécène Daniel Langlois dit vouloir explorer d'autres territoires (danse, multimédia, arts visuels). Il assure qu'on projettera encore des films, à l'occasion. On peut lui être reconnaissant de nous avoir offert ce bijou pendant presque 10 ans.

Le changement de vocation de l'Ex-Centris cache toutefois une autre mauvaise nouvelle: qu'il faille fermer un espace culturel pour en créer un autre est absolument désolant pour une ville comme Montréal. Comme si la métropole était incapable de s'offrir les deux. Dans une ville plus riche, Daniel Langlois aurait sans doute créé un nouveau lieu plutôt que de faire ce choix déchirant.

nathalie.collard@lapresse.ca