«Ce que signifie Michelle pour nous.» C'était le titre d'un article publié dans les pages de l'hebdomadaire Newsweek, il y a deux semaines. Ce «nous» représente les femmes noires. L'auteure du texte, noire elle aussi, en a réuni quelques-unes afin de réfléchir à voix haute à ce que symbolise Michelle Obama pour les Afro-Américaines.

On le devine, elle représente beaucoup.

Pour ces femmes, l'épouse de Barack Obama incarne l'espoir de faire éclater une fois pour toutes l'image souvent négative de la femme noire aux États-Unis. À leurs yeux, sa présence à la Maison-Blanche aura l'effet d'un baume sur l'estime de soi malmenée des Afro-Américaines.

 

Et de l'avis même de ces femmes, elles en ont grandement besoin. Car la culture populaire s'entête à les dépeindre comme des victimes, des femmes de second ordre.

Aux États-Unis, l'image de la femme noire est la plupart du temps celle d'une mère de famille monoparentale abandonnée par le (ou les) pères de ses enfants. On la décrit parfois comme une femme abattue et sans ressource, parfois comme une femme en colère. C'est une mère qui est en difficulté ou une femme à la sexualité débridée. Parfois les deux. Et quand on la trouve belle, c'est parce qu'elle a la peau pâle et les traits plus fins, bref, parce qu'elle répond aux critères de beauté des Blancs.

L'arrivée de Michelle Obama, avec ses réussites professionnelles, son aplomb et sa peau foncée pourrait mettre fin, une fois pour toutes, à ces a priori blessants. Du moins, c'est ce que des femmes noires souhaitent de tout coeur.

Michelle Obama incarne une réussite accessible. Cela s'explique notamment par son côté «ordinaire». Michelle Obama donne l'impression qu'elle pourrait être notre soeur, notre cousine ou notre meilleure amie. On l'imagine parfaitement revenir du travail, un sac d'épicerie sous le bras, se dépêchant d'aller cueillir ses deux filles à l'école. Bien sûr, on se doute que la vie quotidienne de Michelle Obama n'a plus grand-chose à voir avec l'ordinaire de la plupart des femmes en Amérique. La future première dame des États-Unis est déjà entourée de gardes du corps et d'une nuée de domestiques qui veilleront à son bien-être. On est loin des conditions de vie de la femme noire moyenne. Peu importe, malgré son nouveau statut, cette mère de famille de 44 ans semble avoir les deux pieds sur terre. On la sent engagée, responsable. Son mari ne l'appelait-il pas The Rock?

Voilà un modèle emballant pour les femmes noires et leurs enfants, à qui elles pourront dire: «Tu vois, cette femme a grandi dans le South Side de Chicago, dans une famille qui n'était pas riche, et la voilà première dame des États-Unis... Toi aussi, tu peux y arriver.»

À l'heure où les Afro-Américains sont en quête pour leurs enfants de modèles autres que des rappeurs parés de gros bijoux ou des starlettes au décolleté plongeant, la femme de Barack Obama est un exemple positif.

Mais l'impact de Michelle Obama risque de s'étendre au-delà des frontières géographiques. Pour les femmes, peu importe leur couleur, qui sont à la recherche de personnalités inspirantes, elle est un modèle séduisant. Elle est drôle, elle parle beaucoup, elle est amoureuse, indépendante, fière, mère. Et elle n'est pas parfaite. Comment ne pas l'aimer?