Le maire de Montréal Gérald Tremblay ne l'a pas peut-être pas dit en ces mots, mais il est clair que la privatisation, en 2007, de deux sociétés paramunicipales aura été une grave erreur. Le maire a toujours prétendu que la fusion de la SHDM et de la SDM en un seul organisme privé à but non lucratif visait à réaliser des économies. Aujourd'hui, il fait marche arrière.

La Société d'habitation et de développement de Montréal va réintégrer le giron de la Ville et redevenir une société paramunicipale, soumise aux mêmes contrôles que par le passé. Le maire Tremblay n'avait pas le choix. La nouvelle structure imaginée par son administration n'était plus soumise à la Loi d'accès à l'information ainsi qu'à certains contrôles qui s'appliquent habituellement aux sociétés paramunicipales. Bref, la transparence n'était pas assurée. Pour une société responsable de la gestion de 300 millions de dollars d'actifs immobiliers appartenant à la Ville, c'était carrément indéfendable.

Cette décision du maire a été annoncée dans la foulée de la publication d'un rapport de vérification très attendu: celui de la firme KPMG, mandatée pour scruter les agissements du directeur général de la nouvelle SHDM, Martial Filion. Les enquêteurs ont confirmé que M. Filion, qui est l'ancien chef de cabinet du maire Tremblay, a commis des «irrégularités» en signant plusieurs chèques totalisant plus de 8,3 millions à Construction Frank Catania, et ce, sans obtenir l'aval de son propre conseil d'administration. M. Filion n'est plus à l'emploi de la SHDM aujourd'hui.

La Société aurait-elle fait preuve de plus de vigilance si des élus avaient siégé à son conseil d'administration et si elle avait été soumise aux mêmes mécanismes de contrôle qu'auparavant? Il est permis de le croire. Pour rétablir la crédibilité de l'organisme, le maire a donc déclaré qu'il nommerait des élus au conseil d'administration de la SHDM. Hier, la Ville de Montréal annonçait donc la nomination de six nouveaux membres au CA de la Société. Aucun élu ne figure sur la liste. C'est à n'y rien comprendre...

Trois autres enquêtes sont attendues d'ici le printemps prochain. Il manque donc encore plusieurs pièces au casse-tête que les médias montréalais s'acharnent à reconstituer depuis plusieurs mois, un casse-tête qui commence à former une image pas toujours nette de l'entourage du maire Gérald Tremblay.

Car une autre information est venue noircir le tableau cette semaine. Le maire Tremblay a en effet révélé que deux membres de son parti, Union Montréal, avaient siégé sur les jurys de sélection de la SHDM dans deux dossiers, dont le très controversé projet immobilier Contrecoeur. C'est un manque de jugement total de la part de deux membres importants d'Union Montréal.

Gérald Tremblay devrait s'assurer que les membres de son entourage partagent tous sa définition du mot éthique. Pour l'instant, tout ce beau monde ne semble pas sur la même longueur d'onde. Un petit ménage s'imposerait-il avant le début de la prochaine campagne électorale?

Les prochains rapports, en particulier celui du vérificateur général, nous en diront plus sur la gravité de toute cette affaire.

nathalie.collard@lapresse.ca