Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, a promis de faire toute la lumière sur la fusion et les agissements de la Société d'habitation de Montréal (SHDM).

L'ancienne société paramunicipale, qui a été privatisée lors de sa fusion avec la Société de développement de Montréal, est dans l'embarras. Certaines de ses transactions récentes soulèvent des questions. Deux enquêtes sont actuellement en cours. La première, par la firme KPMG, se penche sur les agissements du directeur général, Martial Filion. Ce dernier est l'ancien chef de cabinet du maire. Il est suspendu avec salaire jusqu'aux conclusions de l'enquête.

 

Une autre investigation, réalisée par Samson Bélair, Deloitte & Touche, étudie une transaction entre la SHDM et le promoteur immobilier Frank Catania dans Hochelaga-Maisonneuve. La vente des terrains en question, qui était évaluée à près de 25 millions de dollars, n'a pas rapporté un sou à la Ville. Tout a-t-il été fait légalement? C'est ce qu'on devrait savoir bientôt.

Un troisième oeil se pose actuellement sur le fonctionnement de la SHDM, celui du vérificateur général de la Ville de Montréal. En juillet dernier, Michel Doyon avait annoncé qu'à l'intérieur de son mandat régulier, il allait vérifier le processus de gestion des projets de la SHDM. Il doit remettre son rapport en mai prochain.

Enfin, le ministère des Affaires municipales examine de son côté la chronologie des faits et des décisions qui ont mené à la création de la nouvelle SHDM.

C'est là le coeur du problème.

Car même si on arrivait à la conclusion que tous les agissements de la SHDM étaient légaux, il demeure qu'en créant une SHDM privée, le comité exécutif a soustrait la nouvelle entité à la Charte de la Ville. Résultat: la nouvelle SHDM n'est plus soumise aux mécanismes de contrôle qui s'appliquent aux sociétés paramunicipales.

La Ville justifie sa décision en affirmant - avis juridique à l'appui - que tout est légal et que, dans le cadre de ses opérations de rationalisation, cette voie avait été choisie parce qu'elle était plus rapide et qu'elle permettait d'économiser plusieurs millions.

La question de fond est la suivante: l'économie de millions de dollars, bien qu'importante, est-elle un motif suffisant pour soustraire aux mécanismes de contrôle habituels une société qui gère 300 millions de dollars d'argent public?

En d'autres mots, même si c'est légal, est-ce justifiable pour autant? Qu'est-ce qui est le plus important pour les citoyens? Épargner ou être assurés que la Ville gère l'argent public de façon saine et transparente?

Le maire Tremblay s'est engagé à rendre publics le rapport de KPMG, les documents relatifs aux transactions de la SHDM, etc.

Il a en outre promis que, si les conclusions des enquêtes en cours n'étaient pas satisfaisantes, il exigerait une autre enquête. Il doit absolument tenir parole. Il doit également mettre en place des mécanismes de contrôle permanents afin de s'assurer que la nouvelle SHDM ait la même obligation de reddition de compte que l'ancienne. Il est urgent de faire la lumière sur toute cette affaire. C'est son intégrité et celle de son administration, présente et passée, qui est actuellement en jeu.

nathalie.collard@lapresse.ca