En cette saison de promesses électorales, les maires de quelques villes canadiennes profitent de l'écoute généreuse des partis fédéraux pour déposer leurs listes de revendications.

La démarche est légitime, mais s'agit-il vraiment de la bonne stratégie?À Québec, par exemple, le maire Régis Labeaume rêve d'un TGV Québec-Windsor-Chicago. Il souhaite également la reconstruction du Manège militaire et a fait savoir qu'il apprécierait l'aide du fédéral pour agrandir sa foire d'expositions.

À Toronto, le maire David Miller a brandi, lui aussi, une liste de souhaits pour la Ville-Reine: de l'argent pour les transports en commun, une loi qui bannirait les armes à feu (la violence est un problème plus criant à Toronto qu'à Montréal) ainsi qu'un sou de TPS qui serait versé aux municipalités.

Jusqu'ici, le maire de Montréal a été silencieux. S'il décidait de déposer à son tour une liste de Noël pour sa ville, Gérald Tremblay pourrait, comme David Miller, demander un investissement massif dans le système de transports en commun afin de pouvoir concrétiser son ambitieux plan de transport. Sans millions supplémentaires, la Ville ne pourra pas améliorer le service et la fréquence des autobus et des métros. Le tramway ne dépassera jamais les limites du Vieux-Montréal et de Griffintown. Et on ne verra pas le train supposé relier l'aéroport Trudeau et le centre-ville de Montréal de notre vivant

Le maire de Montréal pourrait également demander aux différents partis fédéraux de s'engager à intensifier l'aide du fédéral dans le projet de la Société du Havre. En accélérant le processus, Ottawa contribuerait à redonner aux Montréalais un accès au fleuve entre le pont Champlain et le Vieux-Montréal.

Tous ces souhaits sont légitimes, tout comme le sont ceux des maires Labeaume et Miller. Toutefois, leurs chances d'être exaucés sont assez minces. Seuls dans leur coin, les maires n'ont pas beaucoup de pouvoir.

Aucun parti ne souhaite s'engager auprès d'une ville de peur de déplaire aux autres. La rivalité et la jalousie étant ce qu'elles sont dans le monde municipal, les maires auraient beaucoup plus de poids s'ils unissaient leur voix pour revendiquer davantage d'argent pour les villes canadiennes.

Il y a quelques jours, la Fédération canadienne des municipalités a établi une liste de priorités pour les villes dans cette campagne électorale: transports en commun, infrastructures, logement abordable, sécurité. Ce sont en effet des enjeux prioritaires.

Mais les acteurs du monde municipal devraient aller plus loin encore.

Imaginons un instant une coalition des maires des grandes villes du pays (Toronto, Montréal, Vancouver, Calgary) revendiquant haut et fort un fonds dédié aux transports en commun, une portion de la TPS, une aide financière pour les infrastructures ainsi qu'une aide substantielle pour lutter contre la pauvreté en milieu urbain. Imaginons un instant les Miller, Tremblay et Sullivan forcer les trois principaux partis à s'engager pour les villes. Il leur reste 31 jours pour agir.