Cette fois-ci, tout le monde était prêt.

Pendant que la République dominicaine et Haïti comptaient leurs morts, que Cuba constatait l'ampleur des dommages causés par la tempête Gustav, les États-Unis n'avaient qu'un objectif : ne pas répéter les erreurs commises il y a trois ans lors du passage de Katrina.

En fin de journée hier, on n'était toujours pas en mesure de faire un bilan complet des dégâts. Mais on pouvait constater que la classe politique au grand complet avait répondu « présente ».

Il faut dire que les cicatrices de Katrina sont encore fraîches. Non seulement La Nouvelle-Orléans n'a-t-elle pas fini de se reconstruire mais en outre, les rancoeurs sont toujours vives. Personne n'a oublié l'absence du président Bush, la désertion des policiers de La Nouvelle-Orléans, l'absence d'un plan d'évacuation digne de ce nom, les mesures d'urgence déficientes... Les images de la ville ravagée, des victimes complètement démunies ou encore celles du Superdome rempli de réfugiés vont hanter les Américains encore longtemps. Avec raison, Katrina s'est rapidement imposé comme le symbole d'un échec, tant sur le plan de la sécurité que sur le plan politique.

L'ouragan Gustav représente l'occasion pour bien des acteurs du drame Katrina de se « racheter ». À commencer par le président Bush, qui s'est rapidement rendu au Texas pour superviser les opérations d'urgence. Cette fois, semble-t-il se dire, personne ne m'accusera d'être insensible.

Même détermination de la part du maire de La Nouvelle-Orléans, Ray Nagin, qui n'a pas tardé à ordonner l'évacuation de sa ville et à imposer un couvre-feu. « Ceux qui restent seront seuls », a-t-il averti. On a également accordé un jour de congé aux policiers afin qu'ils puissent s'occuper de leur famille avant de veiller sur leurs concitoyens.

Quant à la couverture médiatique, elle est complète. CNN en tête, les médias ont été en état d'alerte toute la fin de semaine. Hier, on pouvait pratiquement observer l'ouragan « comme si on y était » pendant que les analystes politiques soupesaient les effets de cet ouragan sur la campagne de John McCain.

Les républicains, qui devaient donner le coup d'envoi à leur convention, n'avaient pas le choix de revoir leur plan. Le président et le vice-président ont annulé les discours qu'ils de-vaient prononcer hier. Quant au candidat à la présidence (qui avait prévu décoiffer son parti avec son propre ouragan : la nomination de sa colistière, la gouverneure de l'Alaska, Sarah Palin), il a passé une partie de la journée à préparer des boîtes destinées aux sinistrés. Les républicains n'ont surtout pas envie d'être blâmés pour leur manque de patriotisme. Le pays avant le parti…

Bien sûr, lorsqu'on doit faire sa valise et abandonner sa maison, les calculs de la classe politique semblent bien accessoires. Ce qui compte vraiment, c'est que le système de digues résiste. Que les secours organisés soient d'une efficacité redoutable. Et qu'il n'y ait aucune victime. Le reste est superficiel.