Ça aura été le plus long engagement du Canada dans un conflit armé. Cette implication a officiellement pris fin avec le retour du dernier contingent ayant oeuvré en Afghanistan, un groupe d'une centaine d'hommes et de femmes qui ont quitté Kaboul la semaine dernière pour atterrir, hier, à Ottawa.

Ces derniers se trouvaient en Afghanistan pour former les membres des forces de sécurité locales, la mission de combat des militaires canadiens dans la région de Kandahar ayant pris fin en juillet 2011.

Au total, l'aventure aura donc duré 12 ans.

Le Canada a engagé ses troupes dès le 7 octobre 2001, moins d'un mois après l'adoption par le Conseil de sécurité de l'ONU de la résolution 1368 appuyant une intervention antiterroriste en Afghanistan à la suite, bien sûr, du massacre du 11-Septembre. Les premiers combattants canadiens dépêchés ont été les marins du NCSM Halifax envoyé en mer d'Oman. Un peu plus tard, des membres des Forces d'opérations spéciales seront les premiers, avant la fin de 2001, à débarquer en sol afghan.

Au total, l'aventure aura coûté entre 12 et 20 milliards. Surtout, des 40 000 militaires canadiens ayant à un moment ou un autre servi en Afghanistan, 158 sont morts, dont 138 au combat. Quelque 635 ont été blessés en combattant, en plus de 1400 autres dans des accidents divers.

Certes, en termes de pertes de vie, cela ne se compare pas aux deux grandes guerres auxquelles le Canada a participé au XXe siècle. Première Guerre mondiale: 66 000 Canadiens tués. Deuxième Guerre mondiale: 42 000. Mais au-delà des chiffres, l'engagement militaire en Afghanistan, guère plus facile pour chacun de nos combattants que ça ne l'a été pour ceux qui se sont jadis battus en Europe, a soulevé nombre de questions.

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Dont la première: fallait-il y aller? La réponse courte est: oui. Par solidarité, par autodéfense, par nécessité de répliquer à l'attaque du 11-Septembre en détruisant l'emprise d'Al-Qaïda en Afghanistan et en éliminant Oussama ben Laden, ce qui devait prendre des années.

Fallait-il démanteler le pouvoir des talibans et entreprendre - par la force, au besoin - une gigantesque tâche de nation building, de reconstruction de l'une des nations du monde parmi les plus éloignées de la modernité? La réponse à cela est incertaine et dépendra largement de ce qui se passera à partir d'aujourd'hui dans ce pays qui demeure extrêmement fragile, où aucun acquis n'est irréversible. Cette réserve est d'ailleurs partagée par les deux tiers des Canadiens, selon un sondage récent. 

En fait, l'aventure afghane soulève une question plus générale. Quelles sont au juste les obligations et les capacités de l'Occident à l'endroit des États plus ou moins faillis où l'intervention étrangère, même déployée sur une base humanitaire, n'est que rarement la bienvenue? Et encore plus rarement efficace?

Il y a là matière à réflexion.