La montée des inégalités devrait nourrir les discussions des riches et puissants réunis au Forum économique mondial de Davos, qui s'ouvre aujourd'hui pour se terminer samedi.

En janvier, un rapport préparatoire au Forum avait identifié l'inégalité comme l'un des problèmes susceptibles de troubler la stabilité mondiale dans un proche avenir.

En même temps, la directrice du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, constatait que «les bénéfices de la croissance ont profité à trop peu de gens». Il y a deux jours, OXFAM soulignait que «les 85 plus grandes fortunes au monde possèdent autant que la moitié la moins riche de la population mondiale».

Bref, la réalité qui a inspiré un chiffre fétiche, le fameux «un pour cent», se présente aujourd'hui sous un jour cru: en elle-même et sans compter ses effets directs sur l'économie, l'inégalité extrême peut devenir psychologiquement insupportable pour les «99 pour cent».

Or, peu de solutions pratiques et immédiates sont avancées pour contrer ce phénomène... à moins de considérer comme telle l'imposition (décrétée et policée par qui?) de plafonds à la fortune personnelle.

Ce qui est possible, en revanche, c'est d'agir sur la pauvreté elle-même, tant au niveau international qu'à celui de chacune des nations.

Depuis 20 ans, de centaines de millions de personnes ont été extraites de la misère dans les pays pauvres. À un autre niveau, lors de son discours sur l'état de l'Union, mardi prochain, Barack Obama devrait plaider pour une hausse substantielle du salaire minimum dans un pays devenu l'emblème à la fois de la grande richesse et de la grande inégalité des revenus.

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Si la conscience de cette inégalité rend la pauvreté encore plus insupportable, que dire d'une situation telle qu'un emploi à temps plein ne rapporte pas des revenus suffisants pour combler les besoins essentiels?

L'affaire a, involontairement, été mise en évidence par... McDonald's et Walmart, dont les employés sont peu ou prou abonnés au salaire minimum.

Dans le premier cas, proposant un budget personnel à ses salariés, la chaîne de restauration rapide a tout simplement démontré que deux emplois à temps plein de ce type sont nécessaires pour rencontrer les fins de mois! Dans le second, on a jugé nécessaire dans une succursale, un mois avant Noël, de recueillir des denrées destinées aux «associés» les plus nécessiteux...

Toute hausse du salaire minimum coûte des emplois? Ce n'est pas un argument totalement faux. Mais il a ses limites. Peu de ces emplois peuvent être délocalisés - on ne fera pas griller nos hamburgers au Bangladesh! -, de sorte qu'ils existeront toujours. En outre, ils constituent l'essentiel des opportunités offertes à une main d'oeuvre non qualifiée qui existera toujours, elle aussi, et doit être traitée avec dignité.

Dévaloriser le travail est plus immoral encore que de tolérer l'inégalité.