De toutes les options disponibles, négocier avec l'Iran et obtenir un accord sur son programme nucléaire était de loin la meilleure. C'est ce à quoi sont arrivés à Genève, le week-end dernier, les négociateurs iraniens et ceux du groupe des «5+1»: États-Unis, Grande-Bretagne, Chine, Russie, France et Allemagne.

La conclusion de l'accord a été accueillie par une dissidence surtout exprimée par Israël, pour qui il s'agit d'une «erreur historique». Mais aussi par certains pays du Golfe et même par le Canada: le ministre des Affaires étrangères, John Baird, s'est dit «profondément sceptique», en effet.

Pour Barack Obama, il s'agit d'une victoire fort bienvenue. Et profitable, en termes d'image, au moment où il est empêtré dans sa réforme chaotique du système d'assurance-santé.

En fait, l'entente, qui couvre une période de six mois pendant lesquels un accord permanent doit être négocié, est un test - c'est d'ailleurs le mot qu'a employé le président des États-Unis. Un test mettant à l'épreuve la crédibilité de Téhéran. Un test sur la sagesse du changement de cap, vers la diplomatie et le multilatéralisme, de la politique extérieure américaine.

L'événement survient exactement 100 jours après l'élection d'Hassan Rouhani, en juin, dont on espérait qu'elle mènerait aussi à une évolution tangible du côté iranien.

Ce qui semble être le cas.

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L'accord, complexe et révocable, peut se résumer ainsi.

L'Iran s'engage à ne pas dépasser la barre des 5% d'enrichissement de l'uranium qu'elle traite, c'est-à-dire le niveau du combustible «civil»; à neutraliser son stock d'uranium enrichi à 20%; à ne plus installer de nouvelles centrifugeuses; à renoncer aux outils permettant de produire du plutonium; à permettre une surveillance internationale quotidienne, au besoin.

Les pays du groupe des «5+1» s'engagent, eux, à alléger les sanctions contre l'Iran et à ne pas en imposer de nouvelles; à rouvrir les échanges commerciaux et industriels dans certains secteurs (automobile, aviation, pétrochimie, etc.) ainsi que la circulation des biens dits «humanitaires»; à débloquer des fonds iraniens tirés du pétrole, gelés à l'Ouest.

Rien de cela n'est parfait, évidemment.

Par exemple, l'allègement des sanctions, qui équivaut à 7 milliards$US, peut être vu comme presque symbolique. D'un autre côté, l'Iran conserve ses 18 000 centrifugeuses existantes et donc sa pleine capacité d'enrichissement. Cela inquiète Israël, allié objectif en cette matière de l'Arabie saoudite: celle-ci parle depuis un certain temps déjà d'acquérir l'arme nucléaire du Pakistan, si le besoin s'en faisait sentir...

En fait, notamment en raison de cette méfiance solidement ancrée dans la région, c'est à l'Iran qu'il appartient maintenant de rejeter clairement l'isolement accompagné de relations conflictuelles avec le monde, une attitude qui a été la sienne pendant des décennies.