Bien en sécurité à ce point de vue dans notre petit coin de planète, il nous est difficile d'apprécier la terrifiante énergie qui se dégage des grands événements naturels. Ceux qui tuent et détruisent. Le seul point de comparaison possible avec une énergie produite par l'Homme est celui de l'atome - et encore.

Selon les prévisions, le typhon Haiyan devait toucher le Viêtnam, la nuit dernière, avec une puissance cependant beaucoup moindre. Ce facteur, combiné au fait qu'on a pu évacuer 600 000 Vietnamiens des zones sensibles, devrait limiter les pertes humaines.

On n'a pas eu cette chance aux Philippines.

Samedi, le passage de Haiyan y a en effet semé la destruction et la mort. Selon les rapports rendus publics, hier, le typhon aurait fait plus de 12 000 morts et disparus. Et ce, en particulier dans deux îles se trouvant pile sur la trajectoire des vents atteignant parfois plus de 315 km/h. Et plus précisément encore dans la ville de Tacloban où presque tout a été détruit, y compris l'aéroport.

Mais ce bilan est davantage une estimation très approximative qu'un constat factuel, puisque le front du typhon s'étendait alors sur 600 kilomètres et que les opérations de secours ne faisaient que débuter... opérations compliquées par la rupture des communications, l'extrême confusion, le manque de moyens et le pillage.

Bref, c'est au-dessus des terres philippines que Haiyan aura déployé la plus grande quantité de son énergie.

Et il est possible qu'il s'agisse du pire événement du genre depuis qu'on est en mesure de les mesurer. La pression en son centre a peut-être dépassé les 870 hectopascals, en effet, un record à ce jour atteint uniquement par le typhon Tip qui a déferlé dans le Pacifique en octobre 1979. Il est cependant loin d'être le plus meurtrier: des typhons ayant affligé la Birmanie et le Bangladesh en 2008 et 1991 ont fait beaucoup plus de victimes.

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Comme c'est le cas pour la plupart des menaces dont la nature est prodigue, nous disposons de peu de moyens pour nous protéger des ouragans, cyclones, typhons, même s'ils sont prévisibles à court terme - contrairement aux tremblements de terre, par exemple. Dans les zones tropicales, plus de 80 événements de ce type se produisent chaque année, dont une vingtaine affligent l'archipel philippin.

Le pays n'est pas le mieux équipé pour faire face à ces catastrophes naturelles.

Conséquemment, l'aide afflue surtout en provenance des États-Unis (équipements de recherche et de sauvetage, navires, avions, hélicoptères), mais aussi de plusieurs autres pays et de l'ONU. Ottawa a annoncé une aide de 5 millions et la Croix-Rouge canadienne est prête à intervenir si la demande lui en est faite.

Depuis vendredi, elle recueille aussi les dons. Or, donner en ces circonstances est une façon solidaire d'alléger la misère de l'espèce lorsque la nature l'attaque.