Exceptionnalisme américain, «paix par la force», interventionnisme, fermeté et même agressivité lorsque nécessaire: en matière de politique étrangère, on n'attendait rien de moins de Mitt Romney.

Dans un premier grand discours sur ses vues en cette matière, donné en début de semaine à l'Institut militaire de Lexington (Virginie), le candidat républicain à la présidence s'est inscrit dans la droite ligne des politiques de George W. Bush. Celles dont l'apogée - et la plus tragique erreur - fut la guerre déclenchée contre Saddam Hussein.

Bien entendu, l'envers de cette médaille est la «faiblesse» du président Obama, estime Romney. Laquelle a donné comme résultat l'assassinat de l'ambassadeur américain en Libye, les récentes manifestations antiaméricaines et l'escalade du chantage nucléaire iranien.

Le candidat s'est dit déçu de ce que l'Amérique «manque une opportunité historique de se faire, au Moyen-Orient, de nouveaux amis qui partagent nos valeurs» ... tout en suggérant un rapprochement avec Israël. Ce qui n'est pas a priori un moyen d'enrôler des alliés dans le monde arabe!

En somme, Mitt Romney a mis la table pour le débat télévisé du 22 octobre, consacré aux affaires étrangères. Et ce, tout en tentant de faire oublier le désastre de relations publiques qu'a été son court périple en Europe et au Proche-Orient, en juillet dernier.

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Il est tentant de rejeter en bloc cette doctrine, tant elle est accompagnée d'approximations, de contradictions, de généralités qu'aucune stratégie précise ne vient étayer. Souhaiter venir en aide aux rebelles syriens implique que l'on a une idée au moins vague des moyens envisagés pour le faire. Stopper le cheminement de l'Iran vers la bombe suppose un plan applicable pour y parvenir.

Néanmoins, l'exposé du gouverneur Romney a le mérite de mettre en évidence une réalité: l'Amérique est bel et bien exceptionnelle dans sa relation avec le monde. Non pas parce qu'elle l'a désiré, mais parce que c'est le rôle que lui ont assigné 100 ans d'histoire. Même les nations qui détestent profondément les États-Unis reconnaissent implicitement ce caractère d'exception.

Or c'est avec ce monde-là, bien réel, que le locataire de la Maison-Blanche doit interagir. Quelqu'un a dit un jour que le problème avec la politique étrangère, c'est qu'elle implique des étrangers!

Certes, on peut de bonne foi discuter de la question de savoir si Barack Obama a bien saisi la nature et les implications du rôle dévolu à la seule hyperpuissance. Le président aura une tribune le 22 octobre pour s'en expliquer. Cependant, on peut estimer que sa politique, celle de la main tendue allant de pair avec une action militaire de basse intensité contre les combattants ennemis, a été somme toute ingénieuse.

Personne n'a très envie d'une Amérique qui, à nouveau, se définirait surtout par sa force de frappe.