D'une part, le long et dur conflit étudiant a mis à l'avant-plan de la scène politique la nécessité pour l'électeur de déterminer, au moment de voter, dans quelle direction pointe la flèche du progrès. D'autre part, le durcissement des positions du Parti québécois sur les questions identitaires ainsi que la perspective ressuscitée d'un référendum forcent ce même électeur à se soucier aussi de la question nationale.

Sur un même bulletin, mais en y traçant une seule croix, l'électeur devra, mardi, prendre deux lourdes décisions sur deux axes totalement distincts. Pour beaucoup, lors du choix ultime effectué dans l'isoloir, l'un de ces deux axes l'emportera sur l'autre.

Lequel?

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Deux incidents illustrent fort bien la difficulté.

Le premier a été la sortie de Gilles Duceppe contre Amir Khadir, conspué pour avoir appuyé le Nouveau Parti démocratique lors des élections fédérales de mai 2011; les rangs bloquistes avaient alors été décimés. Le député et co-leader de Québec solidaire avait visiblement choisi un axe de décision plutôt que l'autre, ses convictions de gauche plutôt que sa foi souverainiste. Ce qui lui a été amèrement reproché.

Le second incident est la déclaration - prestement corrigée - de Pauline Marois conseillant aux souverainistes de droite de trouver refuge ailleurs qu'au PQ. Il s'est agi là aussi d'un choix spontané entre les deux axes, qui a fait passer en deuxième l'option souverainiste. Ce dont la chef péquiste s'est rendue compte très rapidement...

Certes, ces deux axes, celui de la question nationale et celui du débat gauche-droite, ont toujours été présents au Québec. Mais le premier a historiquement prévalu. Or, tout le monde le dit et néanmoins c'est vrai, le second pourrait être devenu celui sur lequel, en dernière analyse, l'électeur décidera de se prononcer.

L'incertitude économique, les dérives du capitalisme financier, le côté sombre de la mondialisation, les bouleversements dans le marché du travail, le vieillissement de la population, le rouge vif des finances publiques, la menace d'une fiscalité confiscatoire qui en découle, l'impuissance de l'État à assumer correctement ses plus sérieuses responsabilités... tout cela pèse d'un poids pachydermique sur la vie quotidienne des Québécois.

En outre, les enjeux du débat gauche-droite se sont clarifiés - la crise étudiante, nous l'avons noté, n'y est pas étrangère.

Allons à l'essentiel.

Être de gauche consiste aujourd'hui à plaider pour en mettre toujours davantage entre les mains de l'État. Être de droite, à souhaiter le délestage de ce qui perçu comme un navire incontrôlable. Il s'agit là d'un enjeu qui, de la Grèce aux États-Unis en passant par la France et l'Allemagne, est presque universel.

De sorte que si la tendance se maintient, nous ne pourrons pas, le 4 septembre, échapper à la nécessité de faire un choix. Sur cet axe-là plutôt que l'autre.