Pourquoi l'univers de la culture populaire persiste-t-il à flirter avec la plus noire tragédie? C'est une question qui vient à l'esprit en apprenant la mort de la chanteuse américaine Whitney Houston, quelques heures avant la soirée des Grammy Awards à laquelle elle devait participer. Les causes exactes de son décès sont encore inconnues. Toutefois, à la lumière de son passé récent, il est peu probable qu'elles soient naturelles.

La diva de 48 ans disparaît près de sept mois après la chanteuse britannique Amy Winehouse, morte à 27 ans d'un excès d'alcool. Et 32 mois après Michael Jackson, l'artiste déclaré le plus populaire de tous les temps, mort d'une surdose de médicaments à l'âge de 51 ans.

Hier soir, on a évidemment rendu hommage à la disparue dans le cadre d'une soirée de remise de prix où, par le passé, elle a remporté quantité d'honneurs.

On ne devait cependant pas annuler la prestation des Beach Boys avec Brian Wilson, leur ancien leader, véritable génie du groupe et de la musique populaire en général. Il s'agit d'un homme dont la vie, marquée par la maladie mentale, la réclusion, les substances légales ou non, aura été à ce jour une longue tragédie ponctuée de rémissions vécues sous forte médication.

Vraiment, c'est un noir destin, souvent, que celui des artistes populaires.

À l'époque héroïque de la contre-culture triomphante, fréquenter l'excès et courtiser la mort était presque, pour les artisans du rock, une obligation contractuelle!

Occupé à faire diverses révolutions dont aucune n'était sans danger, on professait alors le refus de vieillir... ce qui se transforma plus tard en une proclamation, «No Future», un refus de l'avenir.

Et ce n'était pas que théorique.

Aussi, on s'étonna peu de voir mourir Jimi Hendrix, Janis Joplin, Jim Morrison, Brian Jones - le «Club des 27», tous morts à l'âge de 27 ans! Lorsque l'alcool et la dope ne suffisaient pas, on trouvait autre chose. La violence, par exemple, qui mènera à l'étrange fin de Terry Kath, guitariste du groupe Chicago, mort en jouant à la roulette russe. Ou au phénomène Sid Vicious, qui a succombé à une overdose d'héroïne. Ou à Kurt Cobain, dont on ne sait s'il fut tué. Ou à Bertrand Cantat, dont on sait qu'il tua.

À supposer qu'il y ait eu quelque part dans ce martyrologe une part de sublime, elle est aujourd'hui envolée, disparue, finie.

On ne voit plus dans les excès des artistes, alcool, drogue, violence, que des dérapages destructeurs. Ou alors des débordements carrément criminels, comme dans certains milieux liés au hip-hop. Ainsi, la mort prématurée de Whitney Houston n'est pas un symbole de quoi que ce soit et n'a aucune signification particulière.

Elle n'est qu'infiniment triste, misérable, inutile.

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