Le groupe le plus récemment entré dans la business du terrorisme a apparemment vu le jour en Amérique latine. Pourtant, ce n'est pas comme à la belle époque un mouvement de libération nationale ou une bonne vieille faction marxiste.                

Il veut plutôt sauver la planète en luttant contre la nanotechnologie, laquelle nous mène à la catastrophe. Les «machines» qu'elle crée en viendraient en effet à se reproduire et à recouvrir la Terre d'une boue grise, gluante et grouillante qui la tuerait... Des scientifiques oeuvrant dans des laboratoires de nanotechnologie en France, en Espagne, au Chili et au Mexique ont été ciblés. Trois ont été blessés en ouvrant des colis piégés.

S'agit-il d'une bonne blague qui a dégénéré? Pas du tout. C'est bel et bien une façon nouvelle de voir cette inéluctable fin du monde qui nous pend au bout du nez!

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Ce qu'il faut bien appeler le «catastrophisme» n'est pas une chose nouvelle.

Mais, aujourd'hui, il détonne plus que jamais au moment où nos sociétés sont serties dans l'environnement le plus sécuritaire qu'elles aient connu. Pourtant, ces sociétés - et elles seules - ne voient plus l'avenir qu'en termes de catastrophes. Des catastrophes déclenchées par l'Homme. Par son savoir, sa capacité d'invention, son habileté technique, son ingéniosité industrielle, son bonheur dans le progrès.

Ainsi, créature ultime de l'intelligence humaine, le grand collisionneur de particules, près de Genève, ne ferait que... disloquer l'univers (!), a-t-on prévenu juste avant sa mise en service, en 2008. Plusieurs y ont cru.

Nous souffrons de la «maladie de la fin du monde», juge Pascal Bruckner dans son plus récent essai, Le Fanatisme de l'apocalypse.

Prolifique historien de la haine qu'entretient l'Occident envers lui-même, l'auteur pourfend la crise aiguë de catastrophisme dont souffre en particulier la cause écologiste (cette «puissance qui dit toujours non», ironise-t-il) depuis que son souci presque unique est devenu le climat.

Tout le monde aura en effet eu l'occasion de feuilleter le volumineux bêtisier des catastrophes à venir versées à ce dossier. Or, beaucoup de ceux qui ont longtemps moqué les mises en garde des «sceptiques» à ce sujet dénoncent eux-mêmes, aujourd'hui, les prophètes de malheur qui ont vandalisé la cause qu'ils prétendaient défendre.

Encore reste-t-il l'argument ultime: dans la vraie vie, la fin du monde ne se produit tout simplement pas. «Depuis Nostradamus, nous aurions échappé, selon un historien (Luc Mary), à 183 fins du monde annoncées et depuis douze ans à au moins cinq recensées», comptabilise ainsi Bruckner. Et on en oublie...

Ne retenez pas votre souffle: pour le plus grand malheur des esprits moroses, la planète va encore tenir pendant un bon bout de temps.