Nous publions aujourd'hui le second éditorial sur le cap historique que l'humanité s'apprête à franchir.

Dans deux mois, nous serons 7 milliards d'êtres humains sur Terre. Certes, la planète est théoriquement capable de «loger» et de nourrir une telle population. Néanmoins, la situation présentera aux millions de bébés à venir quelques difficultés inédites!

Les faits sont les suivants:

> Le taux de croissance de la population mondiale a chuté presque de moitié depuis 50 ans, à 1,1% aujourd'hui. Mais cela signifie tout de même 80 millions d'individus de plus par année sur la planète.

> Les pays en développement entretiennent 99% de cette croissance, concentrée en Afrique subsaharienne, en Asie et dans la péninsule arabique. Par contre, la population européenne diminue; elle passera de 738 à 675 millions d'âmes d'ici 2100.

> Revenons à l'Afrique. Sa population a quadruplé depuis 60 ans. Et son taux de fécondité, 4,8 enfants par femme (jusqu'à 6 ou 7 dans plusieurs pays!), équivaut presque au double de la moyenne mondiale.

> La population des pays pauvres est jeune. En Afrique subsaharienne, 43% des gens ont moins de 15 ans. Ils vont maintenant commencer à procréer... de sorte que la population africaine pourrait passer de 1 à 3,6 milliards d'individus d'ici 2100!

On voit bien que c'est en Afrique, où sévit en outre la faim, que se trouve le noeud du problème démographique.

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Que faire?

Une hypercroissance de la population sur un territoire donné relève de causes qui sont connues. Les solutions le sont aussi.

Outre la hausse du niveau de vie, ultime déterminant d'une baisse de la natalité, plusieurs initiatives seront nécessaires. Favoriser une urbanisation - qui est inévitable - ordonnée et humaine. Relever le niveau général d'éducation. Donner aux femmes la maîtrise de leur corps et plus de pouvoir dans la collectivité. Rendre accessibles la contraception et l'interruption volontaire de grossesse - ce qui implique souvent la nécessité d'ignorer les tyranneaux religieux.

Le Fonds de l'ONU pour la population mène cette année la campagne «Sept milliards d'actions» qui culminera le 31 octobre, jour statistiquement désigné de la naissance du 7 milliardième Terrien. La campagne adopte un ton non pas catastrophiste, mais optimiste. Non pas moralisateur, mais pratico-pratique. Et elle est largement axée sur un contrôle responsable des naissances et sur l'accès à l'avortement.

Compte tenu du poids des traditions et des rigidités sociales de beaucoup de pays touchés par la surnatalité, une telle campagne n'est pas sans demander un courage qui n'est pas toujours la qualité dominante de l'ONU ou de ses constituantes...

Attitude exceptionnelle dans un dossier important, donc, il nous fait plaisir de le souligner.