Depuis ses débuts, mais davantage encore depuis que la cause stagne, le mouvement souverainiste a toujours été convaincu que la victoire de l'option ne dépend que de quelques paroles de plus. De quelques explications supplémentaires. De «consultations» refaites à l'infini.

Depuis ses débuts, mais davantage encore depuis que la cause stagne, le mouvement souverainiste a toujours été convaincu que la victoire de l'option ne dépend que de quelques paroles de plus. De quelques explications supplémentaires. De «consultations» refaites à l'infini.

Cette semaine, se télescopant presque, à la fois le Parti québécois et les dissidents du Nouveau Mouvement pour le Québec ont annoncé de tels tournois interrégionaux de parlure souverainiste.

La chef du PQ, Pauline Marois, consultera donc les Québécois afin de «remettre le citoyen au coeur de la politique»; l'affaire débutera à Trois-Rivières, mardi, et devrait éventuellement conduire à -- quoi d'autre? -- un colloque. Notons qu'en parallèle, les députés péquistes Bernard Drainville, Pascal Bérubé et Sylvain Pagé ont déjà annoncé, chacun de leur côté, des consultations particulières.

En même temps, les dissidents du Nouveau Mouvement pour le Québec placent au coeur de leur manifeste, Brisons l'impasse, le projet d'organiser des «assemblées constituantes ayant un caractère officiel (remettant) à tous les citoyens le véritable crayon du pays»; ils en parleront, demain, à Montréal.

S'il faut admirer ici l'élan poétique, cette liturgie de la parole prise dans son ensemble attire deux questions. Qu'y a-t-il de vraiment nouveau à dire sur la substantifique moelle de l'option elle-même? Et quelle nouvelle stratégie peut-on imaginer pour la véhiculer?

Dans sa version moderne, l'idée d'indépendance a 60 ans; le parti politique fondé pour la concrétiser en a 43. Le but à atteindre ainsi que tous les cheminements possibles pour y arriver sont donc maintenant de vieilles et intimes connaissances des Québécois. De chaque Québécois, qu'il soit souverainiste, fédéraliste ou, dans le langage des sondeurs, «pas intéressé/ne sait pas/ne répond pas».

On a mille fois fait le bilan des coûts et bénéfices de toutes natures de la souveraineté.

Sans doute cet inventaire peut-il être vaguement mis à jour, mais rien ne le chambardera à moins d'y introduire de la fiction -- ce que, il est vrai, on a abondamment fait dans le passé. De même, de l'étapisme aux gestes de souveraineté en passant par la cage à homards, toutes les stratégies susceptibles d'être utilisées ont été longuement soupesées. Puis essayées, ou rejetées, ou mises en échec...

Soyons francs. Chacun sait très bien qu'enclencher un processus de «consultation» revient en pratique à faire tourner une grosse machine de propagande. C'est légal, mais il y a un risque. C'est que cette machine produise, non pas de nouveaux souverainistes, mais bien, par extrême lassitude, une nouvelle fournée de «pas intéressé/ne sait pas/ne répond pas».

Dans le climat actuel de cynisme et de désintérêt pour la chose publique, personne ne va y gagner.