Montréalais, la décision vous appartient. L'été qui débute peut être parfaitement misérable. Ou alors, il peut être magnifique, reposant, divertissant. Tout dépend de vous. Mais soyons honnête, vous ne l'aurez pas facile, à Montréal, cet été. Déjà que les grandes villes en général ne sont pas vraiment faites pour la saison chaude...

Montréalais, la décision vous appartient. L'été qui débute peut être parfaitement misérable. Ou alors, il peut être magnifique, reposant, divertissant. Tout dépend de vous. Mais soyons honnête, vous ne l'aurez pas facile, à Montréal, cet été. Déjà que les grandes villes en général ne sont pas vraiment faites pour la saison chaude...

Malgré cela, la plus belle chanson écrite à la gloire de l'été urbain demeure le grand succès de l'été 1966 ingénieusement titré: Summer in the City. C'était la créature d'un groupe baptisé The Lovin' Spoonful, pur produit de Greenwich Village où les après-midis du mois d'août sont écrasants. D'où ceci:

« Chaud, chaud, L'été en ville...

Tout autour, des gens

À moitié morts Vont sur des trottoirs

Plus chauds que

Des têtes d'allumettes... »

Question d'en remettre, l'ingénieur du son a enseveli le bridge musical sous la cacophonie de la rue: moteurs, klaxons, cris et... marteaux-piqueurs. Si un cône orange pouvait émettre un son, il se serait retrouvé sur le disque !

Ce qui nous ramène à Montréal.

Ici, l'obstacle à la jouissance de l'été n'est pas surtout la chaleur ni le bruit. C'est la quasi-impossibilité d'aller du point A au point B.

La circulation automobile est un cauchemar, on le sait. Festivals et autres événements de masse se mettant de la partie, même les trottoirs du centre-ville deviennent exaspérants à arpenter; c'est d'ailleurs pourquoi on vient d'inventer la rage du trottoir, équivalent piétonnier de la rage au volant.

Il faudra faire avec: on n'attaque pas de front d'aussi gigantesques difficultés. Solutions, donc? Ce sera notre modeste contribution à l'été, notre humble petit service à la communauté. Un: allez plus lentement. Deux: faites-en moins. Trois: autant que possible, ne sortez en ville que pour les plaisirs, pas pour les corvées.

Chaleur rime avec lenteur. Il faut essayer une seule fois de faire les choses très lentement, marcher ou épousseter, cuisiner ou bouquiner, pour constater à quel point cela rabiboche les rythmes intérieurs. Essayez, vous achèterez la compagnie.

Certes, cela vous obligera à en faire moins. Et alors? Devez-vous vraiment vous rendre à l'autre bout de la ville le jour où vous recevez votre cousin germain de Cul Chaud (Seine-et-Marne) après être passé chez l'optométriste et le coiffeur?

Pendant le lock-out aux Postes, des milliers de commerçants se seraient convertis à la commande/facturation/paiement par internet. Vous pouvez faire pareil et éliminer de votre vie les expéditions chez le banquier, le disquaire, le libraire, le kiosque à journaux, 15 types différents de boutiques et même l'épicier!  

Alors, bon été! «Malgré la chaleur, ça va aller», promet The Lovin' Spoonful.