Produire de l'énergie est dangereux. La guerre exceptée, c'est l'activité humaine la plus meurtrière depuis le début de l'ère industrielle... un prix qu'il faut apparemment payer pour obtenir une hausse phénoménale du niveau de vie. Or, ce qui se passe actuellement dans le coeur d'une poignée de réacteurs nucléaires japonais force la réflexion sur le sujet.

Produire de l'énergie est dangereux. La guerre exceptée, c'est l'activité humaine la plus meurtrière depuis le début de l'ère industrielle... un prix qu'il faut apparemment payer pour obtenir une hausse phénoménale du niveau de vie. Or, ce qui se passe actuellement dans le coeur d'une poignée de réacteurs nucléaires japonais force la réflexion sur le sujet.

Le débat sur les déchets nucléaires n'est pas pertinent ici. S'impose plutôt la question de savoir si on peut encore faire confiance dans l'immédiat aux 443 réacteurs commerciaux en usage dans le monde, et dans un futur proche aux 220 en construction ou sur la planche à dessin.

Sinon, quels autres moyens de produire de l'énergie en grande quantité seraient-ils moins risqués?

L'hydroélectricité? Le pire accident industriel de l'histoire a été, en 1975, l'effondrement des barrages de Banqiao et de Suimanqio, en Chine. Entre 86 000 (chiffre officiel) et 230 000 personnes (bilan plus probable) ont péri noyées ou, par la suite, de la famine et des épidémies que l'événement a déclenchées.

Le charbon? Certainement pas pour l'environnement... ni pour les mineurs. Uniquement en Chine, entre 2500 et 6000 mineurs sont tués chaque année, selon les chiffres officiels ; en réalité, ils seraient plus de 20 000! S'il vivait encore, Émile Zola situerait son Germinal dans le nord de la Chine... Le pétrole, alors? Même remarque quant à l'environnement. Avec, en prime, une tendance historique à déclencher des conflits meurtriers.

Le gaz? Au Québec, la question est ces temps-ci presque comique...       

* * *

Tout cela ramène à l'atome.

Il est domestiqué aux fins de production d'énergie depuis 1951, est exploité dans 31 pays, fournit près de 20% de l'électricité consommée dans le monde.

Ainsi, après 14 422 «années/réacteurs», plaide le lobby de l'atome, un seul accident a tué: celui de Tchernobyl, dont le bilan est l'objet depuis 25 ans des divagations les plus folles (selon GreenFacts, l'accident a en réalité fait 28 morts dans l'immédiat et peut-être 4000 à long terme). Sans compter qu'il s'est agi d'un accident moins nucléaire que politique, résultat d'une technologie sciemment déficiente et d'une insouciance toute soviétique pour la vie humaine.

Néanmoins, Tchernobyl a fait peur. Très peur. Tous, nous souffrons désormais du China Syndrome, du syndrome chinois, en référence au film hollywoodien produit l'année même de l'incident de Three Mile Island...

Au moment d'écrire ces lignes, on ignore toujours comment la situation évoluera sur la côte japonaise. On ne peut qu'espérer. Mais si l'alerte devait se résorber sans qu'on n'ait à déplorer de victimes de l'atome, on pourra méditer sur le fait que des réacteurs nucléaires - pourtant anciens - auront encaissé les pires déchaînements de la nature sans se transformer en armes de destruction massive.

Ce sera toujours une frayeur de moins.