La Journée internationale de la femme est-elle encore un événement nécessaire? Ça se discute. Et, de fait, on compare chaque année, dans l'un ou l'autre média, la colonne des «pour» à la colonne des «contre»...

Cependant, une chose est sûre: le mouvement féministe, lui, a besoin d'un second souffle après s'être épuisé depuis quelques années dans les chemins de traverse. L'accès pour la femme à l'intégralité des droits demeure en effet un «luxe» presque exclusivement occidental. Un luxe auquel ne peut que rêver la majorité des femmes vivant ailleurs que dans nos sociétés confortables et indifférentes.

Aujourd'hui, militer pour les femmes devrait consister à travailler à mondialiser ces droits qui, chez nous, sont des acquis inexpugnables. Et à ne pas plier devant des constructions intellectuelles qui, dans les pires cas, subordonnent la cause des femmes à des agendas qui n'ont rien à voir avec elles.

Il y a quatre jours, sans doute pour sabrer le champagne en vue de la Journée internationale de la femme, l'ONU a fait entrer l'Iran à la... Commission de la condition de la femme! L'Iran, cet État théocratique, misogyne et répressif! Que cela n'ait pas déclenché des cris d'effroi dans les officines féministes signifie, soit que la crédibilité de l'ONU en cette matière ne vaut même plus un cri; soit - et c'est plus probable - qu'on ait accepté que la condition de la femme se prosterne désormais devant la politique.

Nous y voici.

La loi ne prévoit pas de hiérarchie des droits. Mais des féministes dites progressistes assujettissent avec enthousiasme les droits de la femme aux droits religieux, mutilant ainsi leur propre cause. On arrive ainsi à justifier au nom des femmes le port du niqab ou de la burqa, ces symboles absolus de l'oppression des femmes!

De façon similaire, la préséance des édits du multiculturalisme sur ces mêmes droits est en général docilement acceptée.

Brûler des écolières à l'acide ne provoquera de véritable scandale que le jour où ce sera le fait, non pas de l'extrême droite islamiste, mais d'une milice chrétienne du Texas. On a déjà vu des tentatives féministes de comparer la mutilation génitale à la chirurgie esthétique «imposée aux femmes par la société de consommation». Les 5000 victimes annuelles de crimes d'honneur meurent en silence... lorsqu'on n'excuse pas leurs meurtriers en arguant qu'il ne s'agit que de violence conjugale «ordinaire», courante dans nos sociétés pourries.

Pourquoi?

Pourquoi certaines femmes souffrant aux mains de certains bourreaux n'ont-elles pas droit à la pleine solidarité des mouvements féministes occidentaux? C'est la question aujourd'hui la plus importante. Et la réponse est simple. Certains de ces cénacles comptent parmi les dernières boutiques au monde offrant des antiquités marxisantes du siècle dernier - sommairement rafistolées avec de la broche multiculturelle.

Faire joujou avec ces vieux bibelots est aussi un luxe que seul l'Occident peut se permettre.