Les États-Unis viennent de souligner le centième anniversaire de naissance de Ronald Reagan, aujourd'hui considéré par la nation comme l'un de ses quatre ou cinq plus grands présidents. Malgré cela, il demeure sept ans après sa mort l'incarnation même du néolibéralisme pur, dur et honni. Parler de Reaganomics revient, on le sait, à parler d'une véritable machination diabolique!

Les États-Unis viennent de souligner le centième anniversaire de naissance de Ronald Reagan, aujourd'hui considéré par la nation comme l'un de ses quatre ou cinq plus grands présidents. Malgré cela, il demeure sept ans après sa mort l'incarnation même du néolibéralisme pur, dur et honni. Parler de Reaganomics revient, on le sait, à parler d'une véritable machination diabolique!

Or, la taille du gouvernement fédéral américain n'a pas fondu sous sa présidence, contrairement à ce que commande le dogme néolibéral et à ce que lui-même a toujours si ardemment prêché.

De 1981 à 1989, en effet, Reagan a présidé à des déficits records; multiplié par trois la dette nationale (de 900 à presque 2700 milliards $US); fait grimper la part des dépenses fédérales par rapport au PIB à un niveau historique de près de 25%; conservé tous les programmes sociaux légués par le New Deal!*

Réduire la taille de l'État, donc? Si Ronald Reagan lui-même n'y est pas parvenu, il y a fort à parier que personne ne le pourra, malgré toutes les promesses... et tous les cris d'effroi.

C'est exactement ce qu'on constate.

À Ottawa, le gouvernement conservateur de Stephen Harper (de droite et néolibéral, comme de juste) a embauché en cinq ans 44 000 employés fédéraux de plus, en incluant la Défense et la GRC; c'est en proportion beaucoup plus que l'augmentation de la population générale. Comme aux États-Unis sous Reagan, les dépenses de programme du gouvernement du Canada ont cru substantiellement par rapport au PIB. Et la dette nationale a grimpé de 100 milliards $CAN.

À Québec, le gouvernement libéral de Jean Charest, invariablement accusé de «brader» l'État, veille plutôt à maintenir son tour de taille. D'ici 2014, Québec ira chercher 5 milliards de plus dans les poches des contribuables en taxes et contributions diverses - en 2011, des augmentations touchent une bonne dizaine d'entre elles! La dette nette atteint les 150 milliards. Et plus personne ne parle de réduire le nombre de ministères et organismes...

Voyant cela, on peut discuter à l'infini de la sagesse qu'il y aurait à vraiment réduire l'espace que l'État occupe dans la vie, en particulier économique, de ses citoyens. C'est d'ailleurs ce qu'on fait à longueur d'année... sans jamais tenir compte du fait brut et avéré que, jamais, en aucune circonstance, l'État n'a été capable de se «réduire» lui-même.

Dire que c'est arrivé est un mensonge. Dire que ça arrivera relève de l'utopie.

Parler des «vraies affaires», comme on dit, impliquerait donc, à gauche, que l'on cesse de hurler à la mort devant une catastrophe imaginaire; à droite, que l'on se consacre dorénavant à des projets plus réalistes.

* Chiffres tirés de President Reagan/The Role of A Lifetime, de Lou Cannon.