Le constat est maintenant celui de l'Europe entière: la doctrine du multiculturalisme ne fonctionne pas dans le monde réel. Après les leaders britannique, allemand, espagnol (et, hors de l'Europe, australien), Nicolas Sarkozy vient en effet de qualifier d'«échec» le multiculturalisme tel qu'appliqué en France.

Le constat est maintenant celui de l'Europe entière: la doctrine du multiculturalisme ne fonctionne pas dans le monde réel. Après les leaders britannique, allemand, espagnol (et, hors de l'Europe, australien), Nicolas Sarkozy vient en effet de qualifier d'«échec» le multiculturalisme tel qu'appliqué en France.

«Dans toutes nos démocraties, on s'est trop préoccupé de l'identité de celui qui arrivait et pas assez de l'identité du pays qui accueillait», a précisé le président de la République. Le multiculturalisme a surtout consisté à «encourager des cultures différentes à mener des existences séparées de celles de la majorité», avait déjà noté le premier ministre britannique David Cameron.

Ce sont là des idées claires qu'on entend ici également, bien que la gravité des problèmes rencontrés ne soit pas la même. Au Québec, en effet, ce ne sont ni les massacres de masse, ni les no man's lands ethnoreligieux, ni les pertes d'équilibre démographique qui menacent, comme en Europe.

Seulement la confusion et l'inconscience.

Comment le citoyen ne serait-il pas confus, en effet, lorsque des pouvoirs de tous ordres interviennent pour interdire le kirpan dans les avions, l'autoriser à l'école, l'interdire à l'Assemblée nationale, l'autoriser au Parlement? Pour interdire la prière au conseil de ville de Saguenay, mais autoriser le crucifix à l'Assemblée nationale? Pour interdire la hiérarchisation des droits, mais toujours protéger en priorité la pratique religieuse (voir à ce sujet le Blogue de l'édito sur Cyberpresse)? Et pour... ne rien décider du tout quant au statut du hijab, du niqab et de la burqa dans les institutions publiques?

Confus, donc, les Québécois se trompent sans doute lorsque, à hauteur de 66%, ils estiment que le multiculturalisme menace la langue française (Angus Reid/La Presse): essentiellement, c'est faux.

Mais ils voient juste lorsqu'ils se sentent continuellement «testés» par les demandeurs d'accommodements. Et méprisés (ignares! intolérants! xénophobes!) par leurs élites. Il est gênant, à la fin, qu'il faille des concitoyens d'origine étrangère - Neil Bissoondath, Tarek Fatah, Djemila Benhabib, Irshad Manji, Salim Mansur - pour nous mettre en garde contre notre propre inconscience!

Place aux idées claires, à nouveau.

Partout en Occident, et quelles que soient les couleurs locales qu'on lui donne, le multiculturalisme sous-entend en pratique que nos sociétés - mais seulement les nôtres - n'ont pas de valeurs importantes à défendre pour la bonne raison que toutes les cultures se valent.

Or, c'est faux. Une société démocratique et laïque n'est pas seulement différente, elle est meilleure qu'une société totalitaire et théocratique. Une société d'égalité entre hommes et femmes, meilleure qu'une société - parfois mortellement - patriarcale. Une société de libre expression, meilleure qu'une société qui décapite les romanciers et les cartoonists!

C'est précisément pour ces raisons que des gens fuient les unes pour aller, parfois au péril de leur vie, vers les autres.

Essayons de nous en rappeler.

LE BLOGUE DE l'ÉDITO

Du tissu, de la ficelle, des poignards et des vitres...