Les barrages et réseaux d'Hydro-Québec, une mine saguenéenne de niobium, des fabricants montréalais d'appareils optiques et de vaccins, sont vus par les Américains comme étant des actifs importants pour leur sécurité face à la menace terroriste.

Les barrages et réseaux d'Hydro-Québec, une mine saguenéenne de niobium, des fabricants montréalais d'appareils optiques et de vaccins, sont vus par les Américains comme étant des actifs importants pour leur sécurité face à la menace terroriste.

Il s'agit de l'une des récentes «révélations» du site WikiLeaks, qui a poursuivi au cours du week-end son... strip-tease informationnel.

Cet effeuillage a permis d'«apprendre» que les États-Unis ont identifié partout dans le monde des objectifs sensibles pour leur sécurité - et, à vrai dire, pour celle de tous les pays concernés. Que les Saoudiens entretiendraient toujours des liens avec la terreur. Que ce sont les hauts dirigeants chinois qui, en Chine, s'en sont pris à Google. Que les Européens n'ont plus foi en la cause afghane. Et que (tenez-vous bien) des conseillers cubains travaillent auprès d'Hugo Chavez!

Ah oui? À part ça, quoi de neuf?...            

* * *

Il y a une semaine, nous estimions ici que l'actuelle campagne de WikiLeaks ne ferait que resserrer l'étau du secret dans les milieux diplomatiques. C'est-à-dire l'exact contraire du but annoncé.

Or, l'affaire se révèle plus absurde encore. Car il apparaît à la longue que ce gigantesque coulage ne peut avoir d'autre effet que de vandaliser, littéralement, les relations internationales. Sans gain discernable pour qui que ce soit. Sans profit aucun pour la Transparence (avec une majuscule), l'Information ou la Vérité.

En fait, l'agitation wikileakienne est semblable aux opérations bien orchestrées de cassage de vitrines de McDo qui accompagnent inévitablement les manifestations lors des sommets internationaux. Le but recherché n'est nul autre que la destruction elle-même, dont on ne niera pas le côté jouissif, mais qui n'apprend rien à personne et se situe au degré zéro de la parole politique.

Au surplus, comme la violence de rue le fait aussi, l'affaire est en train de manufacturer un martyr: Julian Assange, monsieur WikiLeaks lui-même. Accusé de viol en Suède, disparu de la circulation, pourchassé par toutes les polices du monde, Assange prévient: les informations verrouillées par un cryptage de 256 bits qu'il a déjà disséminées pourraient faire un dégât digne d'un «engin thermonucléaire»... et la clé en sera révélée s'il est assassiné ou appréhendé!

S'étant ainsi transformé en un être mythique, mi-James Bond mi-Oussama ben Laden, le Divulgateur connaît certainement les moments les plus exaltants de sa carrière. Mais sa mission-suicide ressemble de plus en plus à un film de série B que la planète oubliera à la seconde où le mot FIN apparaîtra à la une des médias. Dans trois mois, en pleine grisaille de mars, il faudra faire le test et demander à la cantonade : qu'est-ce que WikiLeaks a révélé au juste, en décembre, avant les Fêtes?

Personne n'en aura le moindre souvenir.