Au cours des jours qui viennent, on va beaucoup parler de vélo à Montréal... c'est-à-dire encore plus qu'à l'habitude, si une telle chose est possible.

Dimanche prochain, les champions cyclistes du monde entier envahiront le mont Royal. Ce même jour, une foire du vélo s'ouvrira à la Place Bonaventure. Cette année, l'événement «En ville sans ma voiture», qui fait la part belle aux transports en commun et à la bicyclette, durera non pas un, mais cinq jours, à compter du 20 septembre. Enfin, au coeur de cette semaine de... non-voiturage, aura lieu le «Die-in Montréal 2010», organisé par le collectif Montréal à vélo, à la mémoire des cyclistes victimes de l'automobile.

En 2009, 16 cyclistes sont morts dans des accidents de la circulation au Québec; 3 sont décédés à Montréal. C'est tragique, en effet. Mais, dans le même temps, 68 piétons sont morts (quatre fois plus) dans l'ensemble de la province; et 18 (six fois plus) à Montréal.

Si rouler à vélo est dangereux, marcher l'est encore plus.

Pourtant, dans son projet de Charte du piéton, en 2006, la Ville de Montréal avait entériné l'idée que l'adepte de la marche fournit «la présence humaine vivante et vibrante dans l'espace public qui permet à une ville de réaliser pleinement son rôle essentiel de catalyseur des échanges économiques, sociaux et culturels».

Vaste programme pour une catégorie citoyenne, celle du piéton, dont on ne parle jamais nulle part... sinon à la rubrique des faits divers.

Il est vrai que la marche est peu spectaculaire, ne requiert aucun accessoire, ne fait rien vendre et que les victimes de ce mode de déplacement sont surtout des personnes âgées. Tout le contraire du vélo, un outil de transport jeune, branché, pesamment médiatisé, économiquement signifiant.

Or, le malheureux piéton doit de plus en plus se méfier des cyclistes, comme le constate quiconque fait plus de 20 pas par jour dans les rues de Montréal. Car les chevaliers du guidon ne sont pas connus pour être scrupuleusement respectueux du Code de la route (!). Et ils sont de plus en plus présents: 130 kilomètres supplémentaires de voie cyclable étaient disponibles ce printemps, sans parler de l'entrée en piste des 28 000 utilisateurs de BIXI. Bref, sur les trottoirs et aux intersections, les quasi-accidents se multiplient; le ton monte; la cohabitation entre piétons et cyclistes commence à ressembler à celle entre cyclistes et automobilistes...

En 2009, Montréal a décidé de policer les piétons en les gratifiant de 11 900 constats d'infraction. Mais elle n'a pas exercé le même zèle à l'endroit des cyclistes (3690 contraventions). Est-ce dû au fait que les piétons se sont montrés moins disciplinés et plus dangereux pour autrui ou pour la planète que les cyclistes?

Il est permis d'en douter.