On a l'impression que le dossier de la quête nucléaire iranienne est un feuilleton dont l'intrigue s'est brisée et ne fait plus que tourner en rond. Hier, à l'ONU, le président Mahmoud Ahmadinejad n'a rien fait pour dissiper cette impression.

On a l'impression que le dossier de la quête nucléaire iranienne est un feuilleton dont l'intrigue s'est brisée et ne fait plus que tourner en rond. Hier, à l'ONU, le président Mahmoud Ahmadinejad n'a rien fait pour dissiper cette impression.

Sa défense a consisté en une attaque dirigée contre les puissances nucléaires, en particulier Israël et les États-Unis (mais pas la Russie ni la Chine...), les Américains présentant selon lui la menace nucléaire la plus probante. Ils ont utilisé l'atome, a-t-il expliqué, et menacent de l'utiliser à nouveau. De sorte qu'ils ne devraient même pas être autorisés à siéger à l'Agence internationale de l'énergie atomique.

L'argument a du sens... à la condition de faire fi de l'histoire, de la logique militaire, de la réalité des forces en présence et des figures imposées de la politique internationale!

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On savait déjà que le nucléaire iranien monopoliserait l'attention dès le début de cette conférence de suivi du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), en cours jusqu'à la fin mai.

Ainsi, Ahmadinejad est l'un des rares chefs d'État à s'y être présenté. L'événement auquel participent 150 pays est surtout fréquenté par les technocrates et ministres des Affaires extérieures. Par exemple, Lawrence Cannon s'y trouvait, hier, et a précisément plaidé pour que le dossier iranien n'occupe pas la totalité des débats. Car, de fait, il est douteux qu'on retienne de cette assemblée autre chose que la résolution - ou non - du casse-tête iranien.

Sur le sujet, l'administration Obama a visiblement adopté une approche tenant compte de dangers plus globaux. En clair: si l'Iran ne peut être stoppé par l'ONU (ce qui semble bien être le cas), vaut mieux travailler sur le cas des nations qui seraient tentées de suivre.

Ainsi, depuis des semaines, Washington fait discrètement campagne au Moyen-Orient afin de prévenir la course à l'atome que déclencherait immanquablement la mise au point d'une bombe iranienne. Celle-ci, même à l'état virtuel, ne terrorise pas qu'Israël, en effet, mais aussi les autres puissances régionales.

Cela explique que, des 430 réacteurs nucléaires (civils) en service dans le monde, aucun ne se trouve au Moyen-Orient. On n'en veut pas... en particulier chez le voisin ! On sait qu'Israël et l'Irak sous Saddam Hussein ont déjà bombardé des réacteurs en construction à Osirak (Irak), Bushehr (Iran) et Dimona (Israël).

Parlant à son tour devant le parterre de l'ONU, hier, la secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, s'est montrée modérément optimiste.

Elle a néanmoins demandé aux délégués de travailler de façon à ce que disparaisse l'impression du public voulant que «rien ne se passe à l'ONU, sinon des quantités de mots». C'est évidemment faux. Ainsi, le Conseil économique et social de l'ONU vient d'élire l'Iran à la... Commission de la condition de la femme! Ne s'agit-il pas d'un geste à la fois typiquement onusien et très concret?