Le terme d'«endoctrinement», utilisé dans une nouvelle étude menée sur le sujet, semble trop fort pour désigner le nouveau cours d'Éthique et de culture religieuse (ECR). Il s'agit de ce programme qui, depuis l'automne 2008, remplace les cours de religion ou de morale dans les écoles primaires et secondaires du Québec.

Pourtant, une propagande destinée aux enfants n'est pas une chose inconcevable.

Ici même, nombre de parents soupçonnent que le thème de l'écologie fait l'objet, en classes, d'une puissante catéchèse. En France, la dévaluation de la connaissance dans les institutions d'enseignement au cours des années «rouges» a provoqué de virulents débats. Aux États-Unis, l'enseignement du créationnisme est une pure propagande religieuse. Et il est évidemment inutile d'évoquer les régimes totalitaires.

 

De sorte qu'un endoctrinement fondé sur les valeurs morales n'est certainement pas impossible au Québec. Là où la connaissance a été déclarée nuisible pour les enfants. Là où sévit une névrose identitaire chronique...

À l'origine, on a cru que le nouveau cours d'ECR inculquerait aux jeunes des connaissances factuelles sur l'histoire des religions. Ô naïveté! Le nouveau programme «vise explicitement la transformation radicale de la société québécoise en la reprogrammant à partir du logiciel idéologique du multiculturalisme», juge aujourd'hui la sociologue Joëlle Quérin, dans une étude de l'Institut de recherche sur le Québec.

Cette assertion est osée. Peut-être même partisane. Mais elle est crédible.

Le cours a en effet été concocté dans ce même ministère qui a imposé une réforme scolaire pétrie dans la planante théorisation du processus d'apprentissage. Il est conforme à l'esprit bouchard-taylorien d'«interculturalisme» et de «laïcité ouverte» qui imposent en pratique la primauté des exigences religieuses. Il prône aussi la «sensibilisation» des masses laborieuses par la classe dominante des sachants.

Ainsi, rapporte Quérin, un guide ordonne à l'enseignant du cours d'ECR d'«intervenir immédiatement pour que cela cesse sur-le-champ» si un élève manifeste une réticence allant à l'encontre de «la poursuite du bien commun»... celui-ci étant notamment défini par le «respect absolu de toute position religieuse» (Georges Leroux, philosophe, un des concepteurs du programme)...

Aujourd'hui, à la fois le Parti québécois et l'Action démocratique du Québec réclament le retrait du programme d'ECR.

Bonne chance.

Que la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, ait été obligée, hier, de promettre une restauration dans les écoles du statut de la connaissance (!) n'est guère rassurant.

L'est encore moins le fait que, jamais, le vaisseau amiral du ministère de l'Éducation n'a dévié de son cap, ne serait-ce que d'un seul degré..., et ce, quelle que soit l'urgence des appels au secours de ces jeunes naufragés qu'il a laissés se noyer en nombre astronomique dans les eaux troubles de l'idéologie.

mroy@lapresse.ca