De toutes les commissions des droits existant au Canada (en plus de la fédérale, il y en a dans plusieurs provinces, dont le Québec), celle de l'Ontario peut certainement être vue comme la plus «engagée». Et peut-être ajoutera-t-on un jour: la plus dangereuse. Or, même si cet organisme s'agite à l'étranger, pour ainsi dire, il serait sage de porter attention aux plus récents combats menés par la dynamique commissaire ontarienne, Barbara Hall. Car ils ont - ou auront un jour - un impact national.

Et c'est sans compter qu'il est fort divertissant de contempler le spectacle du naufrage de la rectitude politique dans les eaux de l'absurdité...

 

Dernier développement: la Commission ontarienne des droits de la personne se bat actuellement pour qu'une musulmane puisse témoigner le visage couvert du niqab (ne laissant voir que les yeux) devant une cour criminelle. Ce serait un... accommodement raisonnable, estime la CODP.

Deux droits entrent ici en collision: celui lié à la pratique religieuse et celui permettant à tout accusé d'obtenir un procès juste et équitable.

Or, autoriser une personne à témoigner masquée serait sans précédent: les cas de dissimulation partielle par cloisonnement ou par télé en circuit fermé laissent le juge et les avocats voir le visage du témoin - des siècles de procédure ont établi que c'est nécessaire. Certes, il n'existe pas de hiérarchie juridique des droits. Mais le simple bon sens suggère qu'une seule partie dans cette affaire est susceptible d'être privée du plus fondamental: la liberté, au sens physique du mot. (Anecdote: il a été mis en preuve que la plaignante a déjà consenti à enlever son niqab pour obtenir un... permis de conduire.)

Est-il utile de rappeler que la jurisprudence en matière criminelle s'applique dans tout le pays?

Ce serait le cas aussi d'un éventuel conseil de presse pancanadien qui aurait des pouvoirs coercitifs sur la presse écrite et électronique, incluant l'internet.

Il s'agit d'une autre croisade de la CODP. Et celle-là est d'autant plus terrifiante que Barbara Hall a déjà créé la jurisprudence qui, peut-on craindre, gouvernerait ce conseil. Elle a en effet rendu un verdict de culpabilité pour «expression explicite d'islamophobie» à l'endroit du plus grand périodique d'information canadien, Macleans, et du journaliste Mark Steyn, sans avoir tenu la moindre audience à ce sujet!

On sait que l'étiquette d'«islamophobe» a désormais remplacé celle de «néolibéral» au premier rang des invectives jetant l'opprobre le plus noir sur la personne visée. De sorte qu'il est difficile d'imaginer procédé plus soviétique que celui employé en ce cas par la CODP.

Étonnamment, cela crée peu d'émotion au sein des milieux concernés. La vulgate droits-de-l'hommiste, version canadienne, est en effet déjà si bien intériorisée par ses victimes potentielles - en une intéressante variation du syndrome de Stockholm! - qu'elle s'imposera graduellement sans avoir à lutter, grugeant un à un les droits qu'elle affirme protéger.